Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« On va attaquer l’État, le ministre et le préfet »

-

Contactée par téléphone, avant-hier, le conseil d’Éric D. détaille le dossier.

Quels sont les faits reprochés à votre client ?

On n’en sait rien. Il serait soi-disant violent et aurait retourné un bureau. Quand ? Où ? Il est suspendu depuis avril ! Et puis, s’il y avait eu un problème de sûreté, le préfet aurait pris des mesures avant. J’ai l’impression qu’on se retrouve face à un abus de pouvoir caractéris­é Le  août, les gendarmes sont venus chez lui. Ils l’ont plaqué au sol et menotté. Il a aussi eu une piqûre dans la fesse qui l’a complèteme­nt ensuqué. Je ne vois pas comment il aurait pu être agité. Et pourtant, il est resté plusieurs jours en salle d’isolement avec les pieds et mains liés.

Quand on est venu le récupérer avec sa femme, on aurait dit une loque. J’ai demandé à consulter son dossier médical pour savoir quel traitement il a subi.

Vous mettez en doute le diagnostic de l’expert ? Et ceux des quatre psychiatre­s de La Fontonne qui ont fait état de la nécessité de maintenir votre client en soin ?

Complèteme­nt. Eric D. est suivi par son médecin généralist­e et un psychiatre pour des problèmes de dépression liés aux pressions dont il faisait l’objet à son travail. Ils ne l’ont jamais diagnostiq­ué fou ou paranoïaqu­e.

Il était en conflit avec sa hiérarchie ?

Oui. Mon client est fonctionna­ire de catégorie A. Il est détaché du ministère de l’Agricultur­e. En , il est venu à la direction départemen­tale des territoire­s et de la mer à Nice. En , il a commencé à avoir des problèmes avec un directeur arrivé de Marseille. Il a été rétrogradé deux fois, sans motif. Depuis son opération pour un kyste au cerveau, son supérieur le rabaisse et le fait passer pour un fou. Il a dû passer plus d’une dizaine de visites médicales. Il a été suspendu en avril parce qu’il n’aurait pas fourni un certificat médical à temps. On a porté plainte pour harcèlemen­t moral en juin. Le  août, il était convoqué à Paris pour un conseil de discipline parce qu’il a pris la défense d’étrangers l’an dernier.

Ils avaient été refoulés à l’accueil après avoir fait la queue toute la nuit dans le froid. C’est de l’acharnemen­t ! On est en train de détruire sa carrière.

Vous avez obtenu la mainlevée. Quelle est la prochaine étape ?

Le conseil de discipline a été reporté au  septembre. Je vais monter avec lui. Et puis je compte nous constituer partie civile. On va attaquer l’État. Le ministre de l’Agricultur­e qui se désintéres­se de la situation. Mais aussi le préfet.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France