Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Trente-cinq jeunes migrants installés à la Tour-de-Mare
Depuis juillet, des « mineurs non-accompagnés » sont hébergés dans un hôtel du quartier. Les élus de la majorité se sont opposés à cet accueil, hier, lors du conseil municipal
Le secret ayant été bien gardé par les différentes autorités, aucune information n’avait filtré jusqu’ici : l’hôtel Kangourou, situé quartier de La Tour-de-Mare, accueille des « mineurs non-accompagnés » (1) depuis le 8 juillet dernier… Actuellement, 35 garçons y sont accompagnés – sur une capacité maximale de 40 – 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par une dizaine d’éducateurs, de psychologues et agents de sécurité de l’Association départementale de sauvegarde de l’enfance, de l’adolescence et des adultes en difficulté du Var (Adseaav). Relevant de la Protection de l’enfance, cette mission, et donc l’association, est financée par le Conseil Départemental.
Originaires de Tunisie, de Turquie, du Mali, de Guinée, de Syrie ou encore d’Afghanistan, ces jeunes migrants suivent sur place des cours de français, apprennent la notion de citoyenneté et ont une éducation sportive. En parallèle, ils sont scolarisés dans l’un des collèges de la cité romaine ou en formation professionnelle comme apprentis au sein d’une entreprise.
« La majorité mérite une seconde chance »
Enfin, ils sont préparés à l’autonomie, à leurs droits et aux formalités administratives… Car une fois leur majorité atteinte, ceux-ci ne bénéficient plus d’aucune protection ni soutien. Ainsi livrés à euxmêmes, « une grande majorité d’entre eux finira à la rue ou sera renvoyée vers leurs pays d’origine, explique Laurent Savoye, directeur de l’Adseaav. C’est là l’erreur de notre système. Après avoir investi pour leur avenir, ils sont abandonnés à leur sort. Et c’est bien souvent là que la délinquance se forme ». Parfois, la violence s’immisce néanmoins pendant la prise en charge. Ce fut le cas la semaine dernière lorsqu’une rixe a éclaté au sein du centre d’accueil (lire par ailleurs).
« C’est un phénomène fréquent dans les endroits où de jeunes gens vivent ensemble. Notre association y est confrontée dans tous ses établissements, qu’il s’agisse de mineurs de nationalité française ou étrangère. La seule différence que l’on constate avec les enfants de nationalité française sous notre protection, c’est la gestion des traumatismes liés à leur parcours migratoire. »
Dans ce cas précis, les deux responsables de la rixe ont depuis été placés dans une structure spécialisée en Normandie. « Nous ne sommes pas des militants, insiste Laurent Savoye. Lorsque c’est nécessaire, nous sanctionnons. Mais l’immense majorité de ces jeunes, dont le parcours a été chaotique et douloureux, mérite une seconde chance. La plupart font donc preuve de beaucoup de détermination dans leur apprentissage et leur intégration, bien conscients de cette épée de Damoclès qui plane au-dessus d’eux. »
1. Un « mineur non accompagné » est un mineur n’ayant pas la nationalité française et séparé de ses représentants légaux sur le sol français. Pour les mineurs de nationalité française, le terme utilisé est « orphelin » ou « pupille ».