Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Une délibérati­on anti-migrants au conseil, hier soir

- N. PASCAL

Ce devait être un conseil municipal sans éclat ni remous. Sans polémique, presque « bêtement » administra­tif. Des convention­s à approuver, des rapports à observer, des avenants à prendre en compte. Rien qui n’amène à débat ni soulève les foules. Simplement le jeu de la démocratie « ordinaire ».

Le maire David Rachline a toutefois rendu un bref hommage à Jacques Chirac et a fait observer une minute de silence, avant que ne débute l’ordre du jour. Puis, reprenant la parole, il allume à nouveau son micro : « Nous souhaitons ajouter une question supplément­aire à cet ordre du jour. Nous allons d’ailleurs commencer par cela : il s’agit d’un voeu, celui du conseil municipal, de demander l’arrêt de l’accueil de migrants “mineurs non-accompagné­s” à Fréjus. » Avant de développer ses arguments, le premier magistrat, d’une voix solennelle, sonde à haute voix les élus, exprimant son souhait d’une unanimité.

« Je vote contre votre voeu », lui lance l’élue d’opposition Annie Soler. Philippe Mougin lui emboîte le pas : « Quant à notre groupe, nous nous abstiendro­ns sur cette demande politique de votre part ! »

Le maire rétorque aussitôt : « Mais tout est politique, comme quand le gouverneme­nt fait le choix de nous attribuer ces migrants. »

« C’est ubuesque ! »

Déplorant à nouveau que son souhait ne fasse pas l’unanimité, David Rachline développe son point de vue : « Cette installati­on de migrants s’est effectuée sans aucune informatio­n ni concertati­on préalable avec la mairie, qui à ce jour ne dispose pas d’éléments précis et détaillés sur cette installati­on. Certes, le conseil départemen­tal est contraint par l’État d’assurer l’accueil de ces migrants. Pour autant, l’absence totale de demande d’avis des maires n’est pas admissible. C’est ubuesque ! [...] Pourquoi ne pas les mettre dans d’autres villes où on aurait plaisir à les accueillir, comme à La Seyne, sûrement… S’ils étaient placés dans un établissem­ent adapté, j’aurais sûrement été moins virulent. Mais il y a là, autour, un Ehpad, et des jeunes lycéens, etc. »

Après avoir également rappelé les délits dont certains de ces jeunes migrants sont présumés coupables, le maire formule sa demande au président du Conseil départemen­tal et au député : « de mettre fin sans délai à l’accueil de ces personnes sur le territoire de la Ville de Fréjus ». Tous les élus de la majorité se joignent au maire pour faire adopter cette délibérati­on.

« Je constitue un dossier »

À la question de l’élu d’opposition Charlier de Vrainville concernant la source des informatio­ns détenues par le maire, ce dernier répond : « que les seuls renseignem­ents qui [lui] sont parvenus viennent des gens récemment convoqués dans son bureau et des procèsverb­aux de la police. Je suis en train de constituer un dossier dans l’espoir de faire fermer administra­tivement ces lieux. »

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(Photos Philippe Arnassan) Le maire, David Rachline, et ses collègues ont ajouté une délibérati­on à l’ordre du jour : celle de formuler le souhait d’arrêter l’accueil de migrants à Fréjus.
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Annie Soler est la seule élue d’opposition à voter contre le souhait de la Ville de ne plus accueillir de migrants.
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Les opposants Charlier de Vrainville et Mougin se sont abstenus.

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