Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Une révolte, sinon...
Inquiétant dans le jeu depuis quelques rencontres, le Sporting va vivre un week-end décisif. L’avenir de Fabien Pujo est lié à la prestation de son équipe ce soir. Les joueurs y croient
Ce n’est pas une crise, mais la situation au Sporting Toulon s’est tendue ces derniers jours. Avec zéro victoire au compteur en huit matches, les joueurs de Fabien Pujo n’ont plus le droit à l’erreur ce soir à Créteil (20 h). L’entraîneur se sait menacé, ce que confirme à demi-mot Claude Joye, l’actionnaire majoritaire.
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Il aurait pu sauter dès le week-end dernier après le non-match face à Laval (0-1), mais il a été sauvé par les cadres de l’équipe et du staff. Le coach se sait donc en sursis. Sur le sujet, Joye, qui sera présent à Créteil, se montre très clair : « S’il n’y a pas de performance, on prendra des décisions dans le weekend, aussi dures soient-elles. Quand je dis “performance”, ça peut être un match nul, mais avec la manière. Je ne veux pas attendre qu’il soit trop tard pour agir. »
Le patron du Sporting ne nomme pas Pujo, mais il suffit de lire entre les lignes : « Changer un ou deux membres du staff technique, c’est la seule solution pour tenter un choc psychologique. » Pas le meilleur moyen de préparer un match, même si Joye assure être derrière son équipe technique et décrète la mobilisation générale (« j’espère qu’on n’aura pas à le faire »,« la priorité, c’est de gagner à Créteil »).
➠ Le club tient-il déjà
son remplaçant ?
« Quel entraîneur va venir à Toulon qui est relégable ? », demande le défenseur Anthony Ouasfane. Selon nos informations, Joye aurait pourtant déjà reçu des candidats, dont l’ancien Toulonnais Didier Tholot (sans club depuis son éviction de Nancy en 2018). Celui-ci aurait décliné devant le chantier qui l’attendait. Si Pujo devait être remercié, le Sporting pourrait d’abord privilégier une solution interne et temporaire.
➠ Quelle est la réaction
de Pujo ?
Conscient de se trouver sur un siège éjectable, le coach toulonnais ne se cache pas. « Vu notre situation au classement, c’est normal. L’entraîneur est toujours le premier fusible. J’ai ma part de responsabilité c’est évident. Comme lors de la montée en National d’ailleurs...» Un brin fataliste, il renvoie aussi la balle dans le camp de sa direction, citant en exemple l’absence de gardien remplaçant (lire aussi ci-dessous) :« Est-ce normal de ne pas avoir de 2e gardien qualifié alors que nous sommes le 27 septembre ? Je pourrais prendre Viviani, mais il est entraîneur des gardiens, il faut être sérieux. Nous sommes en National. »
➠ Les joueurs sont-ils toujours concernés ?
Claude Joye n’épargne pas non plus ses joueurs. Au-delà des résultats, il n’a guère goûté leurs dernières prestations. « C’est surtout la manière qui me dérange. Depuis quatre matches, la qualité est moindre, avec en apothéose ce match contre Laval. Il n’y a pas eu de révolte après le but. Ce n’était pas arrivé depuis longtemps au Sporting et ce n’est pas à l’image du club. »
Mais pour Ouasfane, suspendu devant Laval, personne ne triche : « On est à fond derrière le coach, mais aussi pour nous car on a connu pas mal de galères avant de monter enfin en National. Le doute s’est installé, surtout quand on est mené au score, mais il y a toujours de la confiance car à part Dunkerque, aucune équipe n’a été au-dessus de nous. »
➠ Un recrutement
qui interroge
Force est de constater que le Sporting présente un déficit d’expérience. Quand Pau, Villefranche ou Laval alignent des onze de départ affichant plus de 300 matches en Ligue 1, Ligue 2 ou National, le SCT doit se contenter des apparitions d’Ech-Chergui, Mambu, Fall voire Ouasfane, Sahnoune et Moulet à ces niveaux.
Et ce ne sont pas les recrues, venant essentiellement de N2 ou N3, qui rehaussent cette statistique. « On n’acquiert pas le niveau National du jour au lendemain, analyse l’adjoint de Fabien Pujo, Alex Gasparotto. C’est comme avec un enfant. On ne va pas lui demander de courir avant de savoir marcher. Nos joueurs sont dans l’apprentissage. Et là, on paye pour apprendre. » Sans doute trois ou quatre joueurs d’expérience à l’intersaison auraient pu aider à gagner du temps, et des points. Car Delgado, Caumet ou encore Seye ne sont pas suffisamment décisifs. D’autres (Kanté, Mendy) ne sont tout simplement pas aptes physiquement à disputer une rencontre de National...
Le recrutement a-t-il été effectué en dépit du bon sens ? « Non, répond l’actionnaire majoritaire. On a fait le choix de conserver la majorité de notre effectif et d’avoir un groupe large pour faire monter la réserve. On a pris des jeunes à fort potentiel. C’est ce qu’avaient fait Rodez et Chambly pour monter. Si on prend des trentenaires, ils ne viendront pas forcément se casser une jambe pour faire monter Toulon... S’il manquait juste un joueur, on l’aurait pris. Le problème, là, c’est qu’ils ont tous baissé. » Les intéressés apprécieront. Dans tous les cas, c’est avec cet effectif jeune mais très (trop ?) large – 30 joueurs – que le SCT devra se battre pour le maintien.
➠ Des choix forts
à Créteil
Le Sporting est en plein doute. Fabien Pujo a donc décidé de s’appuyer pour ce match sur un groupe ayant déjà un maximum de vécu commun et des automatismes. « Dans les périodes difficiles, il faut faire corps », explique l’entraîneur, qui a convoqué 14 joueurs (sur 16) présents l’an dernier en N2. Delgado, qui ressent une « usure physique et psychologique », est laissé au repos. « Comme à Villefranche nous allons démarrer en 3-5-2 avec Soumaré dans l’axe. Mambu et Zouaoui animeront les côtés. Ech-Chergui retrouve sa place au milieu et Barbier devant. »En mode commando.
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