Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
La plaidoierie de Ségolène Royal
Invitée en marge du Giec par la Monaco Méditerranée Foundation, l’ambassadrice des pôles Ségolène Royal a présenté les constats des scientifiques sur le réchauffement climatique
En marge des rencontres conduites dans le cadre de la présentation du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) au Musée océanographique de Monaco (lire nos éditions du 26 septembre), Ségolène Royal a été invitée à s’exprimer sur les conséquences du réchauffement climatique. L’ex-ministre de l’Environnement de François Hollande est aujourd’hui ambassadrice pour les pôles, fondatrice et présidente de l’organisation non gouvernementale Désir d’avenir pour la planète.
« Tenir ses engagements »
Ségolène Royal a inscrit sa conférence dans l’actualité. Rendant hommage à son hôte, l’ambassadrice a souligné que le prince Albert II avait prononcé « un discours très remarqué » au Sommet climat des Nations Unies à New York.
« Vous avez été un des rares chefs d’État à rappeler que les pays les plus riches doivent tenir leurs engagements, notamment financiers, afin que les pays les plus pauvres aient les moyens d’accéder aux énergies renouvelables, et en particulier solaire », at-elle lancé à l’adresse du prince Albert. Ségolène Royal en a profité pour elle aussi lancer l’alerte. « Ce rapport du Giec contient une très grande partie consacrée à l’Arctique et à l’Antarctique. » Elle en a donné quelques éléments clés. « La cryosphère représente 20 % de la planète, et les mers et océans 71 %. Donc ce qui s’y passe à un impact sur tout le reste. Chaque année, nous perdons 430 milliards de tonnes de glace. Or, ce sont les glaciers qui fournissent l’eau potable de deux milliards de personnes en Europe centrale. Et ces glaciers vont fondre à 80 % de leur volume d’ici 2100. Par ailleurs, la fonte du permafrost est comme un tremblement de terre souterrain. En Sibérie, au Groenland, les infrastructures commencent à se fendre. Cette fonte pourrait également dégager 800 000 tonnes de mercure. La question de l’écologie, c’est la question de l’avenir des relations entre la planète et l’humanité. C’est l’enjeu. »
« L’océan, climatiseur de la planète »
Poursuivant son exposé, Ségolène Royal a expliqué les conséquences du réchauffement des mers. « L’océan fonctionne aujourd’hui comme un climatiseur de la planète et a absorbé 90 % du réchauffement climatique au cours des vingt dernières années et un quart du CO2. Les mers deviennent acides et perdent leur oxygène. C’est l’effondrement des ressources marines. Le réchauffement des océans provoque également la violence des cyclones et raz-de-marée. Enfin, la montée des eaux s’accélère car la chaleur dilate la mer. »
Et pour achever ce tableau catastrophique, Ségolène Royal note enfin « l’effondrement de la biodiversité avec le risque d’extinction des espèces ».
Une lueur d’espoir est lancée en péroraison. Ségolène Royal s’adresse alors directement au Prince qui porte son message auprès des instances internationales : « Toutefois, je crois que vous finirez par être entendu ! »