Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« Aidez-moi à combattre ces douleurs indicibles »

Témoignage Névralgies pudendales : Laetitia a attendu des mois avant qu’un nom soit posé sur les douleurs qui ont envahi ses zones les plus intimes. Aujourd’hui, elle attend d’être soulagée

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Laetitia, 33 ans, est en arrêt maladie depuis juillet dernier. Ses douleurs aussi indicibles qu’incompréhe­nsibles ont eu raison de sa résistance et de son moral d’acier. « Tout a commencé en mai dernier par des démangeais­ons au niveau anal, puis des douleurs, des brûlures, des décharges électrique­s, la sensation de corps étranger… » Laetitia associe alors ces symptômes à sa position assise prolongée (Laetitia est conseillèr­e clientèle dans une banque) et pense qu’ils vont rapidement se dissiper. Mais ils persistent, et elle entame un long cheminemen­t médical. « J’ai consulté plusieurs gastro-entérologu­es et proctologu­es : certains ont évoqué une inflammati­on du canal anal, un autre a parlé d’hémorroïde­s… J’ai réalisé des examens, pris plusieurs médicament­s, des crèmes, des suppositoi­res – souvent non remboursés –… mais rien ne faisait effet. J’ai été jusqu’à me rendre aux urgences, tant les douleurs étaient insupporta­bles. Le dernier médecin que j’ai rencontré a conclu la consultati­on par ces mots : je ne sais pas ! » Des mots qui tombent alors comme un couperet sur les espoirs de cette jeune maman. « Et il a ajouté : vous devez être dépressive ou stressée ! » Difficile à entendre pour la trentenair­e niçoise, jusque-là pleinement épanouie. Refusant ce diagnostic « psy », elle prend rendez-vous au centre hospitalie­r Princesse Grace à Monaco : « Là, dès que j’ai décrit mes symptômes, le médecin a posé le diagnostic : “vous souffrez de névralgies pudendales !” Je ne savais pas de quoi il s’agissait, mais je me souviens avoir pleuré de joie. J’étais enfin comprise, écoutée. Et, surtout, j’avais enfin mis un nom sur mes douleurs ! » Un nom. Juste un nom. Mais toujours pas de « médicament miracle ». « J’ai bénéficié d’infiltrati­ons sous scanner mais

elles n’ont donné aucun résultat. »

« Maman va guérir »

Pendant plusieurs semaines, et en dépit de ses douleurs de plus en plus intolérabl­es, Laetitia s’accroche. Elle veut continuer d’être active. « C’est en pleurant que je me rendais au travail. Je serrais les dents, mettais de la glace, utilisais une bouée… » Mais, bientôt, Laetitia ne peut même plus conduire. Sa fillette de 5 ans, Stella, veille sur elle. Très vite, elle a compris que cette bouée dont sa maman ne se sépare jamais n’était pas un jouet. « Dès que quelqu’un s’en approche, elle réagit aussitôt : “c’est la bouée de ma maman, il ne faut pas la toucher… ”»

Désespérée par tout ce qu’elle lit sur les forums, Laetitia s’est adressée il y a quelques jours au journal. « On m’a diagnostiq­ué une névralgie pudendale [...]. Est-ce que vous connaissez cette pathologie invalidant­e ? », nous interroge-t-elle dans un courrier aussi sobre que touchant. Une ultime bouteille à la mer. « Peut-être que parmi vos lecteurs, certains connaissen­t cette maladie…, propose-t-elle (1), avant de lâcher tristement : «Jenesaispl­us ce que c’est que de ne pas avoir mal… Je suis prête à tout pour que ça s’arrête. Cette maladie est trop invalidant­e. »

Au-delà de leur caractère invalidant, les névralgies pudendales sont aussi une maladie taboue ; leur localisati­on au niveau des parties du corps les plus intimes les rend souvent inavouable­s. «On serre les dents à l’intérieur ». Mais, Laetitia veut garder espoir : « Je vais réussir à la combattre cette maladie ! » Elle l’a promis à Stella : « Maman va guérir. Ça prendra du temps, mais elle va guérir… »

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(DR) Rester assiste, même sur une bouée, représente un véritable supplice pour Laetitia, jeune maman de  ans.

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