Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
La tête à l’envers...
Après une entame catastrophique, les Toulonnais n’ont jamais réussi à mettre leur jeu en place, et accumulé maladresses et fautes grossières, réduisant à néant toutes leurs initiatives
Le match vient de se terminer. Et dans les vestiaires, le contraste est saisissant. Les hurlements d’une joie bien légitime et la musique à fond de caisse d’un côté ; les portes restées longtemps closes et un silence assourdissant à l’autre bout du couloir. À défaut de pouvoir expliquer ce qu’il venait de se passer, les Toulonnais avaient des choses à se dire. Beaucoup. Leur entraîneur en premier lieu. « Encore heureux que je leur parle et que je leur dis ce que je pense, mais je les ai aussi invités à parler, lâche
Malgré ce que certains vont dire, ce n’est pas la dictature. On peut perdre, on peut tomber sur une équipe de Brive qui a envie de gagner, je le conçois. Mais on ne peut pas se tuer nous-mêmes. »
Et pourtant... On jouait depuis... 45 secondes. Isa cassait un plaquage mais égarait le ballon dans la foulée. Kamicamica s’en saisissait. Essai. Une poignée de minutes plus tard, alors que les Toulonnais avaient remis la main sur le ballon, une passe (très) mal ajustée lobait Dakuwaqa. L’ailier corrézien Romanet poussait au pied et récupérait le cuir au rebond. Essai. Entre-temps, Laranjeira avait enquillé une pénalité facile. Un quart d’heure de jeu. 17-0. Contre la plus mauvaise attaque de Top 14...
Un éclair et c’est tout
« Ces 20 premières minutes donnent le tempo du match, appuyait le manager toulonnais, dépité. Après, on ne peut pas reprendre le contrôle. On peut le reprendre par moments, par séquence, une ou deux minutes, mais le mal est fait. On les a installés dans le match. Allez-les en sortir, quand on connaît leur mental, leur public... On ne peut répondre que de manière sporadique et éphémère. »
Dans ce match, il y eut tout de même un éclair. Un enchaînement somptueux, lancé à toute allure par le duo Cordin-Hériteau sur l’aile gauche, parfaitement relayé par Belleau, puis une chistera magique de Schreuder, qui envoyait Ikpefan entre les perches (44e). A ce moment, le RCT revenait à 6 points (20-14), et on se disait que... Mais pas du tout. On avait tout vu. Laranjeira, droit dans ses pompes, répliquait immédiatement, puis encore et encore et encore, aux fautes grossières des Toulonnais, toutes offertes, ou presque, dans leurs 22 m. Trop facile, beaucoup trop, pour un buteur de cette trempe, auteur d’un 100 % et de 24 points, hier. Imprécisions, maladresses, mauvais choix et précipitation finissaient de saborder les dernières initiatives toulonnaises.
Têtes basses
Des tribunes descendaient les chants euphoriques, et un poil chambreurs, des supporters cabistes. Car leurs guerriers, qui n’ont vraiment pas volé leur large victoire - la 20e d’affilée à domicile - continuaient de cavaler et de mettre tout leur coeur à l’ouvrage, parachevant leur bel après-midi d’un 3e essai. « Aujourd’hui, Brive a fait un bon match, admettait sans problème Patrice Collazo. Mais avant qu’eux nous mettent en difficulté, j’aurais préféré qu’on ne s’y mette pas nous. » Sonnés, tête basse, et sans doute pressés de quitter cet enfer, les Rouge et Noir prenaient malgré tout le temps d’aller saluer la poignée de courageux fidèles qui avaient fait le long déplacement jusqu’en Corrèze. Avant de rentrer au vestiaire.
Se dire les choses. Et il y en avait...