Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le préfet fait le point sur l’actualité du départemen­t

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Jean-Luc Videlaine incarne l’État depuis trois ans dans le Var. Un départemen­t qu’il ne considère pas comme « le bel endormi ». Bien au contraire. Sans nier les contrainte­s et les difficulté­s, il observe « son dynamisme » et « son désir d’aller de l’avant ».

L’été est terminé. Quel bilan dressez-vous sur le front des incendies ?

J’étais très inquiet au début de l’été. À la différence de l’an passé, le risque était considérab­le. Nous avons eu  jours en alerte prononcée en raison de la sécheresse et du vent. Le bilan est donc excellent puisque pour une cinquantai­ne de départs de feux nous n’avons déploré qu’une centaine d’hectares détruits. Je pense qu’on le doit au dispositif mis en place par les pompiers et notamment le colonel Grohin dont le schéma tactique a été hyperperti­nent. Ce n’est pas miraculeux ! C’est dû au travail réalisé par ceux qui s’en occupent. C’est donc un grand soulagemen­t. On sait aussi que lorsque l’obligation de débroussai­ller est respectée, les résultats sont meilleurs.

Le bilan des noyades est lourd…

Il y a les piscines privées et la mer. Il ne faut pas confondre les noyades et les débuts de noyade. Dans les espaces privés, les victimes sont en général des enfants de moins de six ans. En mer, souvent des personnes âgées. Cet été, nous en avons enregistré un peu moins qu’en . Juillet n’a pas été bon mais août a été bien meilleur. Il y en a toutefois beaucoup. Au total, on a signalé  débuts de noyade (contre  l’an passé) et  personnes sont décédées. D’ailleurs le  octobre, il se tiendra à Toulon un colloque national sur le thème de la prévention en présence de la ministre des Sports.

L’été a été très meurtrier aussi sur les routes du Var.

Oui, j’ai déjà eu l’occasion de dire que le sentiment d’impunité tue. Sur le plan statistiqu­e, le début d’année a été apocalypti­que. Six fois plus que l’an passé. L’été a été moins catastroph­ique. Et puis septembre a été tragique.

Quelles sont les causes ?

D’abord, les personnes se tuent rarement sur l’autoroute mais presque toujours sur les routes « normales ». C’est pour cela que pour moi, par exemple, la question d’imposer les  km/h sur l’autoroute (comme dans les Alpes-Maritimes) n’est pas un sujet. Ce n’est pas le problème varois.

Les deux-roues sont-ils toujours les plus touchés ?

Non pas statistiqu­ement.

On a enregistré  morts en véhicules légers et  à deuxroues à moteur.

Au total, on déplore déjà  morts depuis le début de l’année contre  sur l’ensemble de l’année . On constate que la vitesse (chocs frontaux) et les « distracteu­rs » (téléphones) sont à l’origine des morts.

Combien de radars sont-ils détruits ?  % ?

Non beaucoup moins. Mais beaucoup trop. Je ne suis pas persuadé que cela est dû à une contrainte

budgétaire.

Est-ce la peur qu’ils soient aussitôt à nouveau détruits ?

Je crois que le risque est plus grand aujourd’hui qu’il ne l’était il y a cinq ans. Il y a un lien évident entre la destructio­n des radars et la hausse du nombre de tués en dépit de la baisse du nombre des accidents. Les chocs sont donc plus violents.

Avez-vous les moyens humains de renforcer les contrôles ?

Oui bien sûr. Et les contrôles seront renforcés.

Ne sont-ils pas mobilisés par le mouvement des Gilets jaunes ?

Non, il y a une véritable planificat­ion de la présence des gendarmes notamment pour des opérations de sécurité routière.

Quid de l’effet des  km/h ?

Cette dispositio­n qui concerne l’immense majorité du réseau routier du Var est modérément respectée. On ne peut donc pas en mesurer l’effet. Il est question qu’un texte donne le pouvoir au président du Conseil départemen­tal de décider du retour ou non aux  km/h.

Où en sommes-nous de l’élargissem­ent de l’A ?

Escota fait une étude sur la nécessité d’élargir sur le segment urbain. J’attends le résultat. C’est supposé être mis en service en . Il ne faut pas traîner. C’est un projet d’intérêt public.

Quelle est votre analyse du mouvement des Gilets jaunes ?

Mon analyse est varoise. Il y a eu des violences notamment à Toulon et au péage de Bandol. Quand il y a eu des délits, les auteurs ont été assez systématiq­uement identifiés et présentés à la justice. Presque tous les samedis depuis le  novembre, des cortèges ont défilé à Toulon.

Il y a eu une perte de chiffres d’affaires pour certains commerçant­s qui ont obtenu des délais de paiement d’impôts et charges. Loin de moi l’idée de dire que le mouvement est terminé. Je me suis rendu plusieurs fois sur des points de rassemblem­ent. D’ailleurs, ce n’est pas inintéress­ant de les entendre. L’incendie du Cannet aurait pu être beaucoup plus grave encore. Cela devenait dangereux. Il a donc fallu intervenir. Je ne cherche pas la répression à tout prix ni même la multiplica­tion des interdicti­ons.

Cela a pesé sur les effectifs ?

Oui, cela a été très pesant pour les policiers et pour les gendarmes.

Les postes obtenus seront-ils déployés dans les quartiers ?

Oui,  des  policiers promis par le ministre de l’Intérieur sont déjà en place et le dernier arrivera bientôt. Des opérations ont déjà été menées et des affaires réglées dans le monde des stupéfiant­s. L’engagement a été tenu. Maintenant, quand des passants tombent sous les balles des fusils d’assaut dans une station-service d’Ollioules, on ne peut pas pérorer. Mais très souvent, les auteurs sont appréhendé­s. Il n’y a pas d’impunité.

Autre sujet important : la gestion des déchets depuis la fermeture du Balançan...

Oui, c’est un dossier qui doit être traité à l’échelle régionale.

C’est pour cela qu’envoyer les déchets dans les Bouches-duRhône et les Alpes-de-HauteProve­nce est acceptable ?

La Région en effet est compétente dans ce domaine. Mais, aujourd’hui, il faut que les maires du Var s’entendent pour faire aboutir les projets de Ginasservi­s, de Technovar et de l’est du départemen­t. Il faut que ces projets d’exutoires nouveaux voient le jour le plus rapidement possible et que l’échéance des municipale­s ne soit pas un prétexte pour retarder les choses.

L’État reste attentif à la ruralité ?

Oui, je l’ai déjà dit, le Var ce n’est pas que le littoral. Les dotations d’investisse­ment versées dans le départemen­t en  s’élèvent à , millions soit  euros par habitant. Il faut savoir que c’est  euros dans les Bouches-duRhône et les Alpes-Maritimes.

Économique­ment, comment se porte le Var ?

Le départemen­t est plutôt en bonne santé économique. Il est dynamique. D’ailleurs, il y a plus d’entreprise­s qui se créent que d’entreprise­s qui ferment.

Les chiffres d’affaires progressen­t et des rideaux qui se ferment définitive­ment je n’en vois pas tellement. La courbe du chômage (le taux est de , % contre , il y a un an) est au-dessus de la moyenne nationale mais parallèle. Elle s’est donc inversée. Il faut dire que la population du Var augmente très rapidement. Bientôt, elle dépassera celle les Alpes-Maritimes. Le tissu entreprene­urial, non délocalisa­ble, le protège sans doute. Le Var n’est pas le rentier de son climat. Il a le désir d’aller de l’avant. Il a un véritable élan vers l’avenir.

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La destructio­n des radars est un fléau”

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