Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

L’homme qui incarnait la France

- De MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

« Nous, Français, perdons un homme d’État que nous aimions autant qu’il nous aimait. Que nous partagions ou non ses idées, ses combats, nous nous reconnaiss­ions tous en cet homme qui nous ressemblai­t et nous rassemblai­t. » Ces phrases, Emmanuel Macron les a prononcées devant le pays le soir même de la mort de Jacques Chirac, avant même que les amis politiques de celui qui marqua la vie publique

française pendant quarante ans n’aient réagi publiqueme­nt à son décès. Dans cet éloge télévisé du Président, dans sa décision d’ouvrir pour la première fois sous la Ve République le Palais de l’Élysée aux fidèles de Jacques Chirac, il n’y a pas uniquement l’hommage républicai­n à un lointain prédécesse­ur, il n’y a pas non plus le seul désir de « récupérer » à son profit l’image familière à tous de Jacques Chirac, il y a plus encore une reconnaiss­ance de celui qui incarna, au-delà de tous les sensibilit­és politiques, une certaine idée de la France. Hier aux Invalides, aujourd’hui

lors d’une cérémonie officielle à l’église Saint-Sulpice, c’est ce que reconnaiss­ent en effet bien des Français. Tous ceux qui se sont déplacés pour signer les registres de condoléanc­es à l’Élysée et aux Invalides n’étaient pas des militants du défunt RPR ou des Républicai­ns. Il y avait parmi eux des femmes et des hommes, d’âge mûr ou même, contre toute attente, très jeunes, qui en effet voulaient dire un dernier adieu à un Président qui a incarné la France et aimé les Français. Car Chirac n’était pas seulement un homme politique, un chef d’État parfois durement contesté comme il le fut par les grèves de

 contre – déjà – la réforme des retraites, ou par les émeutes des banlieues en . C’est un Président qui a dit non à la deuxième guerre d’Irak en  jugeant, en visionnair­e, qu’elle mettrait en cause la stabilité du monde. C’est celui qui a évoqué, dans un discours qui prend tout son sens aujourd’hui, « notre maison qui brûle », tandis que « nous regardons ailleurs ». Et c’est aussi, de tous les Présidents de la Ve République, celui qui fut le plus proche des gens, sans tenir compte ni de leur rang ni de leur origine sociale. Jacques Chirac venait de la droite gaulliste, il croyait à l’antagonism­e de la gauche et de la droite, il n’a jamais prétendu les unir dans un gouverneme­nt d’union nationale. Mais il a su ne pas diviser gravement les Français. De cela, les Français montrent aujourd’hui qu’ils lui sont reconnaiss­ants.

« De tous les Présidents de la Ve République, il fut le plus proche des gens, sans tenir compte de leur rang ni origine sociale. »

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