Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Kumamoto s’ouvre au rugby
Deux matches et le XV de France comme équipe résidente : peu portée sur la chose ovale, Kumamoto, ville de 700 000 habitants au sud du Japon s'éveille au rugby pendant le Mondial
Si ce n'est un ballon de rugby géant dans une des longues galeries commerçantes qui structurent l'hyper centre-ville et apportent un peu de fraîcheur dans la touffeur ambiante ou, pendus à une autre, les drapeaux des sélections (France, Tonga, pays de Galles et Uruguay) qui joueront dans le Kumamoto Stadium, le badaud avait du mal à percevoir que la ville s'apprête à accueillir deux matches de la Coupe du monde. Jusqu'à l'ouverture de la fan zone, samedi, où habitants et supporters ont vibré devant l'exploit des Japonais face à l'Irlande (19-12). Et où, dimanche, dix Bleus se sont rendus pour quelques animations, sous la pluie, avec le public. Présent, Fumihito Sakamoto, qui travaille dans l'un des cinq clubs de rugby (aucun professionnel) de la ville, espère justement que la présence du XV de France jusqu'au 10 octobre, et la Coupe du monde, « créeront un élan. Il n'y pas de comparaison avec le football et le baseball. Et le rugby est également derrière le basketball en terme de popularité » développe-til.
Les infrastructures de son club ont été touchées par les séismes des 14 et 16 avril 2016, qui ont tué une cinquantaine de personnes et en ont blessé au moins 2 000 sur l'île de Kyushu.
« Les gens ne pensaient pas que Kumamoto pourrait être un jour frappée par un séisme, explique Sakamoto. Les habitants actuels n'en avaient jamais subi auparavant. »
Séismes ravageurs
Les séismes ont aussi partiellement détruit le joyau de Kumamoto, capitale de la province éponyme, sur l'île de Kyushu, la plus méridionale des quatre principales qui forment l'archipel : le Kumamoto-jo.
Edifié à partir du milieu du XVIe siècle, ce château fortifié servait à protéger la ville pendant l'époque Edo (1600 environ jusqu'à 1868 et la restauration Meiji), où une dynastie de shoguns, des sortes de généraux au pouvoir plus ou moins dictatorial, dirigeaient de facto le Japon à la place des empereurs et impératrices.
Selon Mitsuo Matsuoka, fonctionnaire de la mairie chargé de la promotion des événements sportifs, de nombreux apprentis venaient s'y aguerrir, auprès des samouraïs, au judo et au kendo. Porte d'entrée de la région volcanique de l'Aso-san, Kumamoto vante également son jardin Suizenji, où sont représentés les étapes du Tokaido, la célèbre route reliant l'ancienne capitale, Kyoto, à l'actuelle, Tokyo. Et qui passe par le mont Fuji, ici miniaturisé. Le jardin est situé à l'écart du centre-ville, où s'affiche fièrement et souvent Kumamon, la mascotte de Kumamoto. Si les Bleus ont reçu sa visite samedi à l'entraînement, les habitants ont eux pu croiser les joueurs français lors de leurs promenades en centreville.
Bientôt les Mondiaux
de handball
Faible culture rugby oblige, la plupart ignoraient qu'ils avaient affaire au XV de France, mais la carrure des rugbymen les a interpellés.
Les handballeurs français ont peut-être suscité la même curiosité en 1997, quand Kumamoto avait accueilli une partie du championnat du monde.
Place au Mondial de leurs homologues féminines du 30 novembre au 15 décembre : la mairie multiplie les candidatures à des événements sportifs pour, selon Mitsuo Matsuoka, pallier la «faible présence du sport professionnel », seuls les clubs de football et de basket étant pros.