Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Valérie Marrone, contre le plafond de verre du BTP

Valérie Marrone prend les rênes des Femmes dirigeante­s du BTP 83. L’autodidact­e passionnée dénote dans cet univers où les femmes doivent prouver leurs compétence­s deux fois plus

- AMBRE MINGAZ

Le bâtiment, je suis tombée dedans toute jeune. Mes parents étaient charpentie­rs. » Valérie Marrone, 51 ans, mère de deux enfants vient de succèder à Sylvie Mentor à la tête des Femmes dirigeante­s du BTP83. A l’origine, cette Varoise se destinait à reprendre l’entreprise familiale. Finalement, ce ne sera pas le cas, à regret, mais Valérie Marrone a conservé de l’admiration pour ces métiers du bâtiment. « On est heureux quand on finit un chantier. Les ouvriers des travaux publics sont fiers quand ils font de beaux ouvrages. » Un secteur qu’elle adore, qu’elle défend même et dans lequel elle aimerait trouver davantage de femmes aussi. « Ce sont des métiers où il n’y a pas de chômage, bien payés, avec des horaires intéressan­ts, pratiques pour une vie de famille. Des métiers où il y a bien moins de pénibilité grâce aux machines qui aident à porter les poids, où les femmes ont toute leur place. Pourtant on n’arrive pas à les faire venir », déplore-t-elle.

Formée sur le tas

Son parcours a elle est des plus singuliers. Après des études de gestion, dès l’âge de 20 ans, Valérie Marrone entre à la Sotram à La Seyne, une petite entreprise de travaux publics où elle a la chance de travailler pendant dix-neuf ans aux côtés d’un chef d’entreprise qui lui apprend tout. Du standard, au secrétaria­t, à la compta jusqu’à l’administra­tif, Valérie Marrone gravit les échelons et se forme sur le tas. « Je me suis toujours intéressée aux chantiers car j’aime savoir de quoi je parle, pour taper des devis et les comprendre. C’est comme ça que mon patron m’a appris. Je me suis occupée des achats, des marchés publics, de la paye. J’ai suivi toutes les formations qualité pour connaître l’évolution de la législatio­n… Ça a été très formateur. »

Dix ans chez Eiffage

Lorsqu’en 2007, l’entreprise est vendue, Valérie intègre le groupe Eiffage Routes à Marseille à un poste administra­tif et comptable. Elle a 38 ans. Elle n’a pas de bac+4 en comptabili­té et vient d’une PME. Son profil diffère. « J’avais toujours travaillé qu’avec des ingénieurs. »Résultat : « J’ai eu rapidement de très bons résultats en trésorerie », se souvient-elle. Dix ans plus tard, Valérie Marrone est à la tête de l’agence de Vitrolles en tant que responsabl­e administra­tif - « 35 M€ de chiffre d’affaires à l’époque et environ 200 salariés »et de celle d’Istres (plus d’une centaine de salariés), en charge des missions de la direction générale. Jusqu’à ce qu’elle craque il y a quelques années, épuisée, et finisse par tout plaquer pour rejoindre l’entreprise de son mari JRM Domotique au Castellet. Une société spécialisé­e en électricit­é dans les alarmes, vidéosurve­illance, automatisa­tion de portes de garage pour les profession­nels, collectivi­tés et particulie­rs (300 000 euros de chiffre d’affaires). Depuis, Valérie Marrone s’investit. D’abord au sein des Femmes chefs d’entreprise, puis à la tête des Femmes dirigeante­s du BTP 83, ainsi qu’auprès de la chambre des métiers et de l’artisanat comme ambassadri­ce du club Idepro.

« Ce n’est pas gagné. Il y a encore un plafond de verre. Les femmes ne sont pas encore toujours bien accueillie­s, elles doivent montrer deux fois plus leurs compétence­s que les hommes. Il faut savoir s’imposer, jouer des coudes, encore aujourd’hui », confie-telle.

D’où l’intérêt de cette organisati­on des femmes dirigeante­s du BTP « pour se fédérer entre nous et faire connaître nos métiers ». Et Valérie Marrone d’assurer : « Je suivrai les pas de Sylvie (Mentor, ndlr) car j’aime aussi m’investir dans la formation, dans la transmissi­on du savoir. Le BTP est en tension, il a un déficit d’image. Beaucoup de gens s’y éclaterain­t. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de femmes peintres ou électricie­ns. »Un appel !

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(Photo A.M.) Valérie Marrone : « Je souhaite faire grandir notre groupe. Notre fédération du BTP compte près de  entreprise­s adhérentes. Si on fait un rapide ratio, cela signifie que  femmes seraient à la tête d’entreprise­s dans le Var. »

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