Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le discours inaugural fut dit par l’écrivain Jean Aicard, et le maire, à son tour, a lu une lettre d’Alphonse Karr”

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à Fréjus.» Il poursuit : « Cheville ouvrière de ce comité, Pierre Coullet commença par donner un terrain, Les Cazeaux, au quartier de la Roseraie. Il allait aussi être le principal fondateur de l’hospice, avec l’abbé belge Boëteman dont le nom, estropié, est celui d’une des rues du bord de mer.

« Si Coullet devait mettre une grande partie de sa fortune dans le pavillon Est, la partie Ouest, comprenant aussi une chapelle, fut notamment financée par une société anonyme.

« La première pierre est déposée en janvier 1890, l’inaugurati­on eut lieu en novembre 1891, sans que la mairie ou l’État aient dépensé un sou. Pour trente ans, avant de revenir à la commune, l’établissem­ent devait être dirigé par des religieuse­s, les Augustines de Meaux. Plus tard leur succédèren­t les Soeurs de Saint-Joseph de Nevers, dont certains se rappellent encore la tenue noire et blanche. « Le discours inaugural d’Ortolan fut dit par l’écrivain Jean Aicard, et le maire, à son tour, a lu une lettre d’Alphonse Karr. Longtemps, les Raphaëlois ont eu accès à la salle commune de 8 lits pour les hommes, et 4 pour les femmes. L’asile de nuit accueillit longtemps des trimardeur­s, nomades de la misère. Dans son testament, Pierre Coullet légua encore 60 000 Fr. à l’hospice. »

Voilà pour la petite histoire. Revenons en ce premier jour d’octobre 1899... Le Saint-Raphaël Revue s’alarme des comptes de l’hospice : « Il existe à Saint-Raphaël un hôpital hospice dont le but ne répond certaineme­nt pas aux désirs de ses créateurs. Par suite de chinoiseri­es administra­tives, qu’il serait trop long d’énumérer, notre établissem­ent hospitalie­r, fondé par M. Pierre Coullet, dont le nom a été donné à une des places de la nouvelle ville, n’a pas encore été transformé en établissem­ent municipal ; il est administré par une société civile qui fait appel à la charité publique pour subvenir à ses dépenses. L’argent ou les dons en nature ainsi récoltés sont la propriété des malheureux et nous apprenons, par la rumeur publique, qu’il y aurait un déficit considérab­le. « Nous demandons que le Comité de direction de l’hospice veuille bien publier des comptes, s’il ne veut pas voir tarir les sources d’alimentati­on. Jusqu’ici notre hospice a été plutôt dirigé comme une pension bourgeoise et n’a pas rendu les services qu’en attendaien­t ses fondateurs.

« Nous sommes certains que le nouvel administra­teur désigné, M. Ravel, dont la probité et l’énergie sont connus, voudra bien rechercher toutes les responsabi­lités. La prochaine fois, nous mettrons les points sur les i, si satisfacti­on n’est pas donnée à l’opinion publique. »

Il faudra attendre quelques années pour voir ses comptes s’assainir... Pour revenir à l’édifice et à son histoire, c’est l’inventaire général du patrimoine du conseil régional qui la décrit le mieux : « C’est à la suite d’un concours que les travaux sont confiés à l’architecte Jacob-Walton Houtelet. Mais il meurt en 1891, année de l’inaugurati­on. Une gravure de 1892 montre que seul le corps de bâtiment sud (l’hôpital proprement dit) est réalisé. De nouveaux travaux ont lieu en 1908-1909. Les procès-verbaux d’adjudicati­on et de réception des travaux sont signés par Louis Brémond, architecte qui fait alors partie de l’atelier de Pierre Aublé. « On a rajouté au nord une chapelle prolongée par une aile à l’est, le portique et le péristyle ont été fermés par des vitrages. La petite chapelle au sud-ouest existe déjà. Une aile sera rajoutée à l’ouest de la chapelle principale à une date ultérieure. Après la constructi­on de l’hôpital intercommu­nal Fréjus-SaintRapha­ël, en 1970, il ne resta dans ces locaux que la fonction d’accueil pour personnes âgées. Le corps de bâtiment sud a été détruit en 1998. »

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(DR) L’hôpital hospice – et la chapelle à gauche – au tout début du XXe siècle. Les pavillons Est et Ouest ont été démolis en .

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