Tony Blair à Cannes : «Chirac ? Il était haut en couleur!»

lus jeune, il se rêvait un destin de rock star. Et si l’accueil n’a pas été aussi délirant qu’à un concert des Rolling Stones, Tony Blair a pu constater qu’il fait toujours un tube à l’applaudimètre, hier matin à son apparition dans le Palais des Festivals à Cannes. Pour l’ouverture du « Tax Free World Exhibition », le plus grand salon des produits « duty free », l’ancien Premier ministre britannique (1997-2007) a volontiers joué le conférencier de luxe sur la Croisette. De Chirac au Brexit, en passant par Trump et la guerre en Irak, l’ancien leader du Parti travailliste évoque tous les sujets, avec un humour et une élégance so british.

● Jacques Chirac : haut en couleur !

« Malgré nos désaccords, j’ai toujours eu un grand respect pour lui et sur un plan personnel, on savait bien s’entendre. Mais c’était un personnage haut en couleur ! Lors du sommet européen de Nice, après une longue nuit de négociations, il s’ennuyait visiblement. À un moment, il a soudain reculé sa chaise pour se plonger dans un bouquin en disant : “L’art japonais est infiniment plus intéressant !” (rires) »

● Brexit : no !

« Un Brexit sans accord serait irresponsable. C’est comme négocier du haut d’un immeuble de 32 étages et dire : “Si vous n’êtes pas d’accord, je me jette par la fenêtre !” Ce Brexit ne représente pas seulement une sortie politique, mais aussi une sortie du marché économique. Il serait plus raisonnable de faire un nouveau référendum pour demander aux gens s’ils sont vraiment sûrs de leur choix, car on leur a demandé de voter pour ou contre le Brexit sans le leur expliquer, sans réel débat. »

● Trump : un danger ?

« Ah...(visiblement embarrassé par la question). Il faut savoir distinguer la politique de l’homme. Sur la Chine par exemple, on peut considérer d’une part que certains propos sont négatifs, mais d’autre part que c’est positif de remettre les relations commerciales à plat. Mon opinion est donc plus nuancée sur la politique menée que sur les tweets provocateurs. Mais bon, je ne peux pas trop me prononcer, car j’ai encore contact avec ces gens-là ! (rires) »

● Les réseaux sociaux

« Les réseaux sociaux permettent une formidable connexion à travers le monde, Mais heureusement que ça n’existait pas à mon époque, car étant donné que je voulais être chanteur de rock, il en resterait des posts ! Si j’étais encore au pouvoir aujourd’hui, je serais sans doute obligé de tweeter, et certains l’utilisent comme une nouvelle façon de gouverner, mais ce n’est pas forcément positif. »

● La guerre en Irak : sans regret !

« Quand vous êtes au pouvoir, tous les jours, il y a des décisions très difficiles à prendre. Mais vous devez faire ce que vous pensez être juste, même si cela se révèle faux. En Irak, on ne peut pas savoir ce qu’il se serait passé si on n’avait pas fait la guerre. Mais aujourd’hui encore, je reste persuadé que le Moyen-Orient se porte mieux sans Saddam Hussein. »

(Photo A. C.) En réel et en virtuel (sur écran géant), Tony Blair a joué la gueststar au salon des produits « duty free » de Cannes, qui s’est ouvert hier.