Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Saison noire, été stressant
Bernard Le Roux n’avait joué aucun match avec le XV de France la saison écoulée avant d’être retenu pour la Coupe du monde au Japon et d’être titularisé pour défier les USA. Entretien...
Après une tournée réussie en Nouvelle-Zélande en juin 2018, le deuxième ligne d’origine sudafricaine avait tout pour enchaîner en bleu. Mais une fracture du plancher orbital lui a fait manquer les testmatches de novembre suivant, avant que son genou ne lâche avant le dernier Tournoi des six nations. Enfin, une suspension de six semaines l’a privé des trois matches de préparation des Bleus...
Le garçon (30 ans, 34 sélections) n’a au total disputé que treize matches en 20182019, avant son entrée en jeu contre l’Argentine en ouverture de la Coupe du monde (23-21).
Il a été préféré à Félix Lambey
« C’était presque comme une saison sabbatique. Mais je me sens frais physiquement et mentalement » commente Le Roux, titulaire demain contre les Etats-Unis, à Fukuoka. « C’était dur. Non, pas dur, c’était vraiment dur ! Surtout en fin de saison » ajoute-t-il. Il réfute cependant manquer de compétition, avec seulement 25 minutes dans les jambes depuis début mai. « En fait j’ai joué tous les jours. L’entraînement pendant quatre heures par jour, c’est du rugby ! Et on a fait un match entre nous, contre une équipe japonaise. Oui il y a un peu moins de pression mais ça envoie quand même à l’entraînement. Il n’y a que des costauds dans l’équipe. Et je pense que certains entraînements pendant la prépa étaient plus durs que des matches internationaux. » Malgré sa suspension, l’encadrement a donc décidé de l’emmener au Japon, sans l’avoir vu à l’oeuvre depuis juin 2018, donc. Alors qu’à son poste Félix Lambey, l’une des révélations du Tournoi 2019 mais au moindre impact physique, est resté à quai... Il a bien cru cependant ne pas faire partie de l’aventure. « Trop stressé » avant l’annonce du groupe élargi, le 18 juin, il avait ainsi mis les voiles pour Marbella (Espagne) en famille, pour « couper avec le rugby ».
Le Roux a ensuite « passé un week-end de merde, je n’ai presque pas dormi » avant l’officialisation de la liste définitive, le 2 septembre. Comment explique-t-il ce crédit qui lui est porté ? Réponse : « J’ai fait des entretiens (avec le staff) mais ils ne m’ont pas dit tu as ces qualités que d’autres n’ont pas. Ils savent que je bosse dur (...) Après je ne sais pas forcément pourquoi ils m’ont pris. » Bosseur, Le Roux l’est assurément. « Je veux toujours m’améliorer, donc quand quelqu’un me donne un conseil j’écoute et je bosse dessus. Jusqu’a 36, 38 ans, la fin de ma carrière, j’essaierai toujours de m’améliorer. On est des joueurs professionnels et on doit toujours en faire plus... »
Grosse marge de progression
Sa marge de progression est évidente. Le Roux, à l’abattage considérable, est en revanche un peu frustre balle en main. Il le sait, sans pour autant trouver blessantes ces critiques.
« Je bosse énormément pour l’équipe, j’essaie de faire des rucks propres, de vite sortir le ballon. Mais je peux donner un peu plus (ballon en main). »
La tête, mais aussi les jambes : physiquement prêt après l’intense préparation, il dit garder davantage de jus, après ses tâches défensives, pour porter le ballon. « Parfois, je perdais énormément d’énergie dans les rucks pour l’attaque. Je me sens mieux physiquement, là. » S’il arrive à progresser balle en main, il pourrait être « l’égal de Brodie Retallick », le Néo-Zélandais, estimait en janvier Laurent Travers, son entraîneur au Racing. On lui apprend la comparaison. « Je suis très content, Brodie est un des meilleurs deuxièmes lignes du monde. J’espère qu’un jour quelqu’un sera comparé à Bernard Le Roux... »