Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Norman Nato relève le défi H24
Pilote de développement de l’écurie varoise H24Racing, l’Antibois a conduit le premier test grandeur nature du prototype électrique-hydrogène LMPH2G sur la piste de Spa-Francorchamps
Un tour, c’est tout. Il y a douze mois, lors de sa première apparition publique, en préambule de la manche belge de l’European Le Mans Series (ELMS), le prototype électrique-hydrogène LMPH2G avait bouclé un seul tour du toboggan de Spa-Francorchamps.
Aux mains de Yannick Dalmas. En mode démonstration.
Un simple coup d’oeil sur le bilan chiffré du roulage accompli le 20 septembre dernier suffit pour mesurer le bond en avant. Sur le même tracé du Grand Prix de Belgique, cette voiture du futur développée par l’écurie H24Racing en terre varoise, dans le parc d’activités de Signes jouxtant le circuit Paul-Ricard, a enchaîné vingt tours et quatre ravitaillements. Non pas en solo, mais au milieu des concurrents de la Michelin Le Mans Cup. L’épreuve de support de l’ELMS qui l’accueillait exceptionnellement lors de ses deux séances d’essais libres. « Nous n’avions aucun objectif chronométrique, il s’agissait juste de montrer que la technologie fonctionne, que l’auto est fiable », explique Norman Nato. Quand il ne vise pas le podium en championnat du monde d’endurance (WEC) ou en Blancpain GT Series, l’Antibois participe ainsi régulièrement au développement
de la LMPH2G. «Jesuivais le projet depuis un certain temps et j’ai intégré l’équipe l’hiver dernier, dès qu’elle s’est mise à plancher sur la performance », poursuit-il. « Aujourd’hui, la phase initiale est terminée. Les arrivées successives de l’Automobile Club de l’Ouest et de Total, en tant que partenaire principal, ont posé des structures solides. Droit devant, il y a des caps, des échéances. Des évolutions, aussi, qui vont nous permettre de transformer cette voiture laboratoire en vrai prototype de course. » Fruit du mariage entre l’ACO, organisateur des 24 Heures du Mans, et GreenGT, l’entreprise spécialisée dans les systèmes de propulsion électrique-hydrogène de haute puissance (pile à combustible), la « MissionH24 » a pour objectif d’engager des voitures de course hydrogène au double tour d’horloge sarthois en 2024. Un « défi d’utilité publique sensé, tangible,
possible », indique le communiqué de présentation,
pour « une compétition à zéro émission constituant un pas supplémentaire vers une mobilité décarbonée. »
Première course en 2020 ?
Depuis la prise en main accomplie début 2019 en Espagne (Navarra), Nato a multiplié les tests. «Il y a deux jours de roulage par mois en moyenne », poursuit-il. «Les premiers tours surprennent, bien sûr. Mais mon expérience de la Formule E (pilote de réserve de l’équipe monégasque Venturi, ndlr),
a bien servi, surtout concernant les nombreuses procédures à effectuer au volant et le système de récupération d’énergie au freinage. Je me suis vite adapté. » À Spa, son temps de référence (2’33’’149) le reléguait à 18’’5 du meilleur proto LM P3, et à 14’’8 de la plus rapide des GT3. «Je le répète, le chrono importait peu. Aucune prise de risque, je pilotais cool ! L’essentiel se situait ailleurs. Nous avons respecté le tableau de marche et
étrenné avec succès la nouvelle station mobile de ravitaillement conçue par Total. Pour l’instant, l’auto pèse très lourd, environ une tonne et demie. Mais on va gagner pas mal dans ce domaine. De quoi réduire considérablement les écarts. » Jusqu’à transformer l’essai en programmant une première course dès l’an prochain ? « Pas impossible », répond Norman, sourire en
coin. « Ça dépendra des évolutions greffées d’ici-là. Les responsables décideront. Mais si l’auto continue sa progression au même rythme, voire encore plus rapidement, on pourrait l’envisager raisonnablement. »