Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Le glyphosate fait débat !
La conférence sur le désherbant, organisée par Force et confiance, a été très suivie par le public
Des années de discussions n’y ont rien fait : chercher à s’informer sur le glyphosate, c’est se confronter rapidement à des analyses radicalement contradictoires. Et l’intervention de François Carzon, responsable en agro-fourniture et formateur certiphyto, lors de la réunion de Force et confiance, qui s’est déroulée salle AndréBagur à Saint-Paul en Forêt, n’a pas apporté beaucoup de réponses même si elle était très détaillée.
Ce déserbant est-il dangereux pour la santé ? A cette question cruciale, François Carzon n’a présenté que des positions prises par des organismes européens. Comme celle de l’Agence de sécurité alimentaire européenne qui estimait, le 12 novembre 2015, « qu’il n’y avait pas de lien de causalité entre l’exposition au glyphosate et le développement de cancer chez les humains » .De son côté, l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) reconnaissait, le 15mars 2017, que « le glyphosate est une substance causant des lésions oculaires graves, toxique sur le long terme pour les organismes aquatiques... Mais qu’elle n’est pas cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction ». Alors qu’en février 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) avait déclaré ne pas disposer de suffisamment de preuves pour classer le glyphosate comme substance potentiellement cancérogène pour l’homme.
Une présentation édulcorée ?
Le débat sera enfin clos au 1er janvier 2023, date à laquelle l’utilisation du glyphosate sera définitivement interdite en France.
Au terme de la réunion, Marjorie Ughetto, guide naturaliste, a estimé que « le conférencier n’a rien expliqué sur ce produit qui reste dangereux et souvent mal utilisé. Son utilisation est interdite dans les espaces publics depuis janvier 2017 et sa vente au particulier aussi depuis début 2019. Sur le plan santé, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate comme cancérogène probable en 2015. Le glyphosate reste à pulvériser à des distances de sécurité à proximité
d’une rivière ou d’un canal pour protéger l’eau. Il a des actions multiples car il est antibiotique et consommer des aliments produits à l’aide du glyphosate, c’est sans doute mettre sous antibiotique les consommateurs sans qu’ils le sachent ».
René Bouchard, de l’Association bagnolaise d’information, a souligné pour sa part que « nous avons assisté à une présentation très consensuelle, qui cherche à n’égratigner personne, qui ne pose pas les questions qui fâchent
comme le rôle de l’ANES et les autorisations de mise sur le marché de produits au mépris d’études scientifiques reconnues qui devraient les inciter au principe de précaution le plus élémentaire. » Et de conclure : « Le titre alléchant de la conférence” Comment lutter contre le glyphosate’’ n’a hélas pas donné les fruits escomptés puisqu’aucune alternative crédible n’a été mise en avant si ce n’est d’attendre 2023 et l’interdiction définitive d’utilisation ».