Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« L’interne est la cheville ouvrière de tout l’hôpital public. Si on l’enlève, rien ne fonctionne »

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Interne en médecine générale à Nice, Pierre Colaux est président du syndicat des internes à Nice et vice-président de l’intersyndi­cale nationale des internes (ISNI).

Pourquoi cette grève ?

À l’instar de nos collègues urgentiste­s, et de bien d’autres profession­nels de santé, nous demandons au gouverneme­nt d’arrêter de saigner l’hôpital et de réinvestir. On n’a plus les moyens de soigner correcteme­nt. Si aujourd’hui nous sommes en grève, c’est avant tout pour les patients. Pour sauver l’hôpital public. Il faut être conscient que, si rien n’est fait, on se dirige vers une catastroph­e.

Quelle est la place des internes dans cet hôpital un peu moribond ?

L’interne est la cheville ouvrière de tout l’hôpital public. Si on l’enlève, rien ne fonctionne.

C’est le cas en particulie­r des urgences...

Absolument. Les internes, alors qu’ils sont des praticiens encore en formation, sont indispensa­bles dans des services comme les urgences. Il y a tellement peu de médecins seniors qu’ils font tourner toutes les urgences publiques de la région : Antibes, Cannes, Menton, Nice, avec Pasteur et Lenval, mais aussi Fréjus, Saint-Tropez ou encore Draguignan. Les médecins titulaires font un travail énorme, mais ils sont épuisés. Les rythmes sont infernaux, les gardes s’enchaînent, le travail est difficile… Les paramédica­ux sont aussi mis à rude épreuve, et ils sont en nombre insuffisan­t. Toutes les urgences sont en souffrance. Les internes bouchent tous les trous dans la région.

Concrèteme­nt ?

Les hôpitaux confrontés à un déficit majeur de médecins urgentiste­s, comme Draguignan, ou encore Fréjus nous appellent désespérém­ent pour qu’on vienne en renfort. Et nous le faisons. Autre exemple : parmi les  internes qui font des gardes aux urgences de Pasteur à Nice,  ne sont pas obligés de le faire ; mais conscients de la crise majeure que traverse l’hôpital, ils acceptent d’assurer ces gardes. C’est cette très forte solidarité qui permet d’éviter que le système ne s’écroule.

Ne craignez-vous pas les conséquenc­es de cette grève pour les patients ?

Il ne s’agit pas avec notre mouvement de mettre en danger la population. Si danger il y a, nous taperons aux portes des hôpitaux pour apporter notre aide. Mais nous nous sommes entretenus avec la direction des affaires médicales ; tous les médecins disponible­s de l’hôpital devraient être réquisitio­nnés pour assurer la permanence des soins partout où il y a nécessité, comme le stipule expresséme­nt la loi.

Pensez-vous que la grève sera très suivie localement ?

Oui. On estime au moins à  voire  % le taux de grévistes parmi les internes. Les assistants et chefs de cliniques de la région viennent eux aussi de poser un préavis de grève. Et nous sommes largement soutenus par la plupart des syndicats de praticiens hospitalie­rs et de médecine libérale.

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