Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le bras de fer

- De MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Ne pas reculer. Ou plus exactement, ne pas trop reculer. Tel est, après le mouvement de jeudi dernier, avant celui qui s’annonce demain, l’équation à résoudre pour le gouverneme­nt et le Président dans cette semaine décisive. Rester droit dans ses bottes serait absurde, et d’ailleurs quelles bottes, puisqu’Edouard Philippe n’a pas encore rendu publiques les principale­s dispositio­ns du texte de la réforme. Mais abandonner la lutte en rase campagne, plier bagage et renoncer à toutes ses ambitions serait pire, si c’est possible, pour l’image d’Emmanuel Macron, pour tout ce qu’il voulait, tout ce qu’il veut encore incarner : le progrès dans la réforme, et, plus largement, la modernisat­ion de la France. Il perdrait alors de tous côtés : la droite lui reprochera­it d’être un réformateu­r en peau de lapin, la gauche se réjouirait de son échec, la CGT exulterait. Et, dans la dernière moitié de son quinquenna­t, le Président en serait réduit à expédier les affaires courantes, ce qui n’est pas dans son tempéramen­t. Reste à transiger. Sur quoi ? Soutenu, et même, dit-on, encouragé par le chef de l’Etat, Edouard Philippe l’a précisé : pas question de le faire sur l’essentiel. C’est-àdire à la retraite par points et à la disparitio­n programmée des régimes spéciaux. Mais il lui reste de la marge. Il pourrait différer la date de mise en applicatio­n du nouveau système, donc ralentir le mouvement pour le rendre moins brutal. Il pourrait renvoyer à plus tard, – et notamment à un organisme paritaire syndicats-patrons – l’équilibre financier du système, dont le déficit prévu sera intenable en . Il pourrait surtout, pour des catégories bien précises comme les enseignant­s, annoncer des mesures de revalorisa­tion salariale. Il lui faut surtout se donner du temps pour démontrer que la réforme, si elle réduit les régimes spéciaux, n’a pas pour conséquenc­e de réduire toutes les pensions. Regagner donc la bataille de l’opinion publique. Seulement voilà : le leader de la CGT, Philippe Martinez, requinqué après le succès de la manifestat­ion du  décembre, a été clair dimanche : ce qu’il veut, lui, c’est le retrait pur et simple du projet de réforme gouverneme­ntal. Donc la reculade. Cela s’appelle un bras de fer, avec menace de paralysie renouvelée des transports. Qui gagnera ? La semaine sera longue.

« Il pourrait surtout, pour des catégories bien précises comme les enseignant­s, annoncer des mesures de revalorisa­tion salariale.»

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