Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« La voiture aura encore sa place demain »
Interview A quoi ressemblera la voiture de demain et comment les professionnels de l’automobile participeront aux futures mobilités et feront face aux défis environnementaux ? Le CNPA nous dit tout Repères
Àl’occasion de la restitution de l’étude commandée par la Région Sud sur la filière liée aux sports mécaniques, à l’automobile et à la mobilité intelligente qui a eu lieu récemment au Circuit Paul-Ricard, Francis Bartholomé, président national du Conseil national des professionnels de l’automobile (CNPA), nous a livré sa vision de l’avenir de cette filière, sujette aux mutations face aux enjeux environnementaux et aux questions de la mobilité.
Les voitures thermiques seront encore nombreuses dites-vous ?
Nous avons actuellement un parc automobile essentiellement thermique et il le sera encore demain car l’électrique ne représentera, en , que % environ. Certes, il faut que nos concitoyens achètent demain des véhicules propres mais on ne va pas transformer un parc automobile du jour au lendemain. La voiture aura encore sa place. Il restera un parc essentiellement thermique qu’il va falloir faire vivre. Il faut globalement en tenir compte, les entretenir, les améliorer et éliminer les plus anciens et les plus polluants. Nous sommes favorables à essayer de développer au maximum des voitures décarbonées et principalement électriques. Nos entreprises sont orientées dans ce sens, nous avons des objectifs, on les réalise mais il est aussi important d’éliminer les voitures anciennes qui sont des nids de pollution. Et nous ne pourrons pas accélérer pour deux raisons simples, c’est que l’électrique est adapté à l’utilisation urbaine et, si les constructeurs ont tout fait pour des raisons économiques, le problème de l’électrique reste l’autonomie et la recharge.
Qu’en est-il de l’hybride ?
L’hybride n’est pas non plus une réponse pour les grands rouleurs, c’est encore un leurre. Dans les voitures thermiques, ce qui va se vendre, ce sera du diesel car, en matière de CO et de Nox, les moteurs diesel en produisent moins que l’essence. C’est pour cela que nous allons publier un livre blanc car il y a des réalités que tout le monde doit connaître. Nous sommes dans une bulle de verre. L’électrique, c’est bien pour lutter contre le réchauffement climatique mais les gens ne sont pas prêts. Je vous prédis un Electric Bashing dans les deux à trois ans qui viennent quand nous parlerons du cobalt, du nickel et des batteries. Qu’est-ce qu’on fera de toutes ces batteries ? Je pense que nous avons besoin de l’électrique principalement dans les grandes villes. Donnons-nous cinq à dix ans pour faire disparaître complètement le thermique mais on ne peut pas dire qu’en , à Paris, il n’y aura plus de diesel. Ça ne se fera pas.
Que dites-vous du projet Hynovar et du projet de développement de l’hydrogène ?
Le projet ici dans le Var de produire de l’hydrogène propre avec des panneaux photovoltaïques est excellent, même s’il en faut beaucoup. L’Allemagne vient d’investir Mds dans l’hydrogène pour mettre des bornes à hydrogène partout. En France, le problème c’est que nous sommes encore en train de réfléchir. C’est maintenant qu’il faut y aller ! Actuellement, il n’y a que onze stations en Ile-deFrance. S’il n’y en a pas assez, les gens n’achèteront pas. On ne parle pas suffisamment des réalités et des vrais projets portés. Le Gouvernement préfère évoquer les budgets financiers, les bonus-malus. On invective les gens. Il faut arrêter. Les gens en ont marre.
Vous proposez de participer à l’intermodalité, comment ?
Nous avons un rôle à jouer dans l’intermodalité. Il faut que l’ensemble des professionnels puissent y trouver leur part. Nous ne pouvons pas faire de mobilité intelligente sans parkings ni créer des services. Il faut une réflexion et des engagements avec les pouvoirs publics et nos élus régionaux pour donner du temps au temps.
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La France compte 134 300 entreprises (commerce et réparation auto, poids lourds, motos, cycles, commerce d’équipements auto, autoécoles, stations-service, location de véhicules, contrôle technique, parcs de stationnement, démolisseurs recycleurs, stations de lavage) pour près de 500 000 salariés. Ces services de l’automobile et de la mobilité en Paca représentent 20 000 entreprises et 37 800 salariés. Les Alpes-Maritimes comptent plus de 3 400 entreprises et 8 2OO salariés et le Var plus de 3 000 entreprises et 7 600 salariés.
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Si la Région Sud n’est pas historiquement positionnée sur l’automobile, elle abrite des savoir-faire et compétences technologiques à valoriser dans l’automobile comme dans d’autres mobilités (aérien, maritime...), notamment autour des nouvelles mobilités, du véhicule connecté, autonome et décarboné, de la mobilité. La Région recèle plusieurs pépites, PME remarquables et grands industriels de l’économie numérique et électronique, et porte des projets novateurs (hydrogène, solaire, électrique, projets flexgrid, Cité des Energies, centres de R&D à Sophia Antipolis...) Un atout et un écosystème qu’elle doit porter vers l’excellence pour faire la différence avec d’autres régions.