Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Nucléaire : film et débat vérité ce soir avec la Criirad
Selon Roland Desbordes, « nos centrales nucléaires ne sont pas indemnes de tout risque »
Tchernobyl. Le nom de cette ville d’Ukraine restera à tout jamais attaché à l’accident de sa centrale nucléaire qui a contaminé non seulement ses alentours mais aussi une partie du monde avec son funeste nuage voyageur. Svetlana Alexievitch en a fait un livre bouleversant, «La Suffocation », adapté au cinéma par Pol Cruchten.
C’est ce film choc que présente Colibris 83 ce soir à 20 heures au CGR de Chabran (1).
Il sera suivi d’un débat animé par Roland Desbordes, porte-parole, après en avoir été le président, de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Avant sa venue à Draguignan, il a bien voulu répondre à quelques questions.
Comment est née la Criirad ?
C’est Michèle Rivasi, aujourd’hui député européenne Europe Ecologie les Verts, qui l’a créée suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, sur laquelle les services officiels de l’époque avaient dit : circulez y’a rien à voir, le niveau de radioactivité dans l’est et sud-est de la France touché par le nuage n’a rien d’anormal. Nous, on voulait savoir et on a créé un laboratoire avec des gens compétents en la matière pour être pris au sérieux.
Trente quatre ans après la catastrophe, y a-t-il encore des traces de radioactivité ?
Dans les zones les plus élevées comme les Alpes ou les Vosges, on en retrouve en surface alors que dans les zones moyennes comme le sud-est, notamment dans le Haut-Var, c’est plus en profondeur.
D’où le risque de consommer des champignons par exemple ?
Oui, car ils restent bien marqués par la radioactivité et dépassent les normes de césium.
En règle générale, il est donc plus sage de ne pas en manger ?
Pas en grosse quantité en tout cas. Si on en consomme que gr dans l’année pour faire une omelette, la marge de risque est ridicule. Pour les gros cueilleurs de champignons et les amateurs de sanglier, cela peut représenter un risque sanitaire.
Nos centrales nucléaires sontelles à l’abri de tout risque ?
Elles n’en sont pas indemnes. Des améliorations sont faites toutefois pour les protéger mais le travail est loin d’être terminé. Il faudrait mettre par exemple les réacteurs des centrales de la vallée du Rhône hors d’eau car il y a beaucoup de barrages dans cette région et certains pourraient sauter un jour à cause d’un tremblement de terre.
Êtes-vous entendus par les gouvernements ?
Non, ils minimisent toujours les risques. Par contre les gens de l’Autorité de sûreté nucléaire nous écoutent... sans forcément tenir compte de nos exigences. Mais au moins il y a un dialogue.
Il y a aussi le problème des déchets nucléaires ?
Les plus dangereux sont stockés, notamment dans le sud, dans des hangars à Cadarache et Marcoule. On les surveille mais on ne sait pas trop quoi en faire. Il faudrait les enfouir mais les citoyens concernés ne sont pas d’accord. À vrai dire il n’y a pas trop de solution. C’est même l’objet principal de notre inquiétude. Surtout avec le démantèlement engagé de certaines de nos centrales.
Vous devez être foncièrement anti-nucléaire à la Criirad ?
Personnellement je le suis mais notre association se veut avant tout critique sur le sujet. On n’a jamais dit qu’on était pour la sortie du nucléaire.
1. Tarif : 6 euros.