Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Animaux dans les cirques : « une fausse polémique »

Défenseuse du cirque traditionn­el, Stéphanie de Monaco, présidente du Festival du cirque de la Principaut­é, entend montrer le lien particulie­r sur la piste entre l’homme et l’animal

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY

La plus prestigieu­se cavalerie du monde installée à Fontvieill­e, un clown funambule en équilibre sur les mâts du chapiteau… La 44e édition du Festival du cirque de Monte-Carlo commence à faire parler d’elle depuis quelques jours.

Mais celle qui en parle le mieux, c’est la princesse Stéphanie, présidente du festival, à la manoeuvre depuis plusieurs jours de la piste aux coulisses, pour offrir une nouvelle édition… surprenant­e !

Commence s’annonce cette édition ?

e

Elle sera magnifique ! Par rapport à l’an passé (et la collaborat­ion artistique de Gia Eradze et ses costumes flamboyant­s, NDLR), nous avons voulu prendre une nouvelle direction, en mettant à l’honneur la performanc­e et la beauté du cheval. En revenant, finalement, aux origines du cirque qui a commencé à cheval. Et nous avons la chance d’avoir les chevaux de la famille Knie, qui possède probableme­nt la plus belle cavalerie au monde.

La famille Knie, star de cette édition, qui proposera notamment des numéros inédits sous le chapiteau ?

En effet, comme la double poste. Ils ont l’art, d’ailleurs, de moderniser les numéros traditionn­els du cirque. Mais cette invitation au Festival, c’est aussi l’occasion de leur rendre hommage. Ivan Frédéric représente sur la piste la huitième génération de la famille Knie, une famille qui vient de fêter son centenaire. C’était le bon moment pour les avoir avec nous, d’autant plus qu’ils ont toujours été proches de mon papa.

Accueillir la grande cavalerie Knie est aussi une façon pour vous de défendre les numéros de cirque avec des animaux, dans de bonnes conditions ?

Bien sûr ! Il suffit de visiter les écuries que les Knie ont montées à côté du chapiteau – plus belles que certains centres équestres – pour comprendre le soin qu’ils apportent à leurs chevaux. Et justement cette année, nous avons fait le choix de ne pas recevoir beaucoup d’autres animaux, pour laisser toute la place ou presque dans la ménagerie pour leurs chevaux.

Pour autant, la polémique est toujours forte, certaines associatio­ns s’opposant aux animaux dans les cirques…

Oui, mais le festival continue sa route. Personnell­ement, je n’arrive pas à concevoir qu’une minorité de personnes veuillent imposer leurs idées et leur manière de penser à une majorité de gens. C’est une fausse polémique, qui fait mal. Et je ne comprends pas comment cette minorité de personnes extrémiste­s arrivent à avoir autant de poids auprès des mairies, des gouverneme­nts, des médias. Désormais, certains pays diffusent le festival du cirque à la télévision en coupant les numéros d’animaux. Alors que je crois que tout le monde a une télécomman­de dans les mains, si le programme ne plaît pas, il suffit de changer de chaîne ! Pourquoi priver des gens qui ont envie de voir le spectacle dans son intégralit­é ? Ce n’est pas démocratiq­ue d’imposer une manière de voir les choses. Comme lorsque je vois des personnes se revendiqua­nt vegan saccager des boucheries. Chacun est libre de mettre ce qu’il veut dans son assiette et de profiter comme il l’entend de son temps libre. Je n’aime pas l’opéra, je ne vais pas pour autant aller saccager l’opéra Garnier. Tout le monde peut vivre ensemble, mais pourquoi vouloir que tout le monde soit pareil ?

Ces campagnes de dénigremen­t heurtent les grandes familles de cirque que vous avez l’habitude de recevoir en Principaut­é ?

Énormément ! Pour eux, c’est vivre toujours sous tension, sans savoir quelle action ou quelle polémique va leur tomber dessus. C’est usant de toujours vouloir se justifier. Alors que dans les grandes familles de cirque, les portes sont toujours ouvertes, les gens peuvent venir voir comment ils travaillen­t. C’est ce que je fais aussi au festival, avec les aprèsmidi pédagogiqu­es ou la journée open doors du  janvier. J’essaye d’éduquer le maximum de gens qui sont peut-être indécis sur ces questions ou manquent d’informatio­ns. Avant de prendre une décision, il faut toujours avoir les deux parties.

Des associatio­ns montrent parfois des vidéos de dressage dures. Mais quand Martin Lacey Jr (dresseur de fauves, récompensé d’un clown d’or l’an dernier, NDLR), est dès  heures du matin avec ses animaux dans la ménagerie, en train de câliner les lions et prendre son petitdéjeu­ner avec eux, il n’y a personne pour le voir. Alors je crois qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac !

Dans un autre registre, parleznous de ce clown acrobate Henry Ayala, qui a fait sensation en se promenant sur un fil en haut des mâts du chapiteau…

Il appartient à une vieille famille de cirque. Cela fait un moment que nous observons son travail, mais il est jeune donc nous attendions un peu avant de le programmer. Car pour maîtriser la comédie il faut avoir quelques années d’expérience. Mais cette année, il est prêt donc c’était l’occasion de le recevoir en Principaut­é. Nous aurons aussi des premières mondiales avec des troupes épatantes à la bascule ou la barre russe. Nous sommes dans la performanc­e acrobatiqu­e exceptionn­elle, liée à la magie du cirque traditionn­el avec les animaux.

Une nouveauté cette année, c’est aussi la Fight Aids Cup, un match de football orchestré par votre fils, Louis Ducruet, pour récolter des fonds au profit de votre associatio­n, Fight Aids Monaco…

Louis a pensé redonner un coup de neuf à ce match de foot traditionn­el entre l’équipe du souverain et l’équipe de cirque où personne ne venait. D’autant plus que l’équipe composée d’artistes du cirque se faisait battre à chaque fois, parce que l’équipe du prince est formée avec d’anciens internatio­naux, donc ce n’était pas très équitable ! (rires) Mon fils a voulu remédier à ça. Avec Romain Goiran, ils ont eu l’idée de cette Fight Aids Cup, qui sera un vrai moment de partage avec d’anciens joueurs dans les deux équipes. Au-delà du rendezvous sportif, ça a un sens, pour montrer que le monde du cirque est présent pour des gens qui ont moins de chance, notamment ceux dont je m’occupe à l’associatio­n. C’est bien de penser aux autres. Le cirque est un milieu où les gens sont généreux. Ils donnent tout dans un spectacle pour offrir du rêve et du bonheur au public.

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(Photo Dylan Meiffret) Entourée par le Monsieur Loyal du festival, Petit Gougou, et le clown funambule Henry Ayala, la princesse Stéphanie prépare activement la e édition du festival.

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