Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Une amende pour outrage part en appel, « question de principe »

- SO. B.

C’est un dossier au climat particulie­r qui a été tranché par le tribunal correction­nel de Toulon. Fin décembre, Birame S., 42 ans, a été condamné à 200 euros pour l’outrage qu’il a commis – et qu’il nie – sur un agent de la SNCF, personne chargée d’une mission de service public. L’insulte tient en quatre mots.

Ce jour-là, le 4 novembre 2014, une grève des cheminots avait mis la gare sous pression, avec un TER bondé devant prendre le départ, et des agents de sécurité qui vérifiaien­t les titres de transport en amont de l’accès au quai.

Birame S. était-il bien en possession d’un titre de transport valide, ce qu’il affirme, tandis que le ministère public en doute ? Cela n’était pas le coeur du débat, puisqu’il ne s’agissait « que » de poursuites pour outrage.

Birame S. a-t-il été victime de discrimina­tion, quand il a été sorti de force du train par des voyageurs, « désigné au micro de la SNCF comme un homme de type africain » livre-t-il à l’audience du 19 novembre, faisant sursauter la présidente, « mais vous n’aviez jamais dit cela dans votre audition » ? Là non plus n’était pas le fond du débat, puisque les deux procédures que le prévenu a engagées dans ce sens ont échoué.

« C’est moi qui suis victime »

Restait l’outrage, reconnu dans une audition à chaud, puis nié après coup. « C’est dans cette audition, que le même policier voit votre titre de transport et le mentionne : “Vu et exact” », souligne la présidente du tribunal. « C’est moi qui suis victime, insulté de sale noir, de racaille, tutoyé, se défend-il. L’insulte [la sienne] n’était pas adressée au contrôleur. » Quelques minutes plus tôt, le prévenu a voulu présenter son titre de transport à la barre du tribunal, mais celui exhibé ne correspond­ait pas à ce fameux mois de novembre 2014, laissant au final une impression mitigée. « J’étais pressé, mais je n’ai manqué de respect à personne, persiste le prévenu. Toute la gare s’est mise contre moi .»

« Les passagers sont unanimes. Il refuse de montrer son titre de transport. Et il s’est considéré à tort comme une victime », déplore Me Laurent Coutelier, représenta­nt la SNCF et l’agent insulté.

Réseau bloqué

L’épisode relève d’un « incident voyageur qui bloque tout le réseau, revenons-en aux fondamenta­ux », livre le procureur.

Pour la défense d’un homme sans casier judiciaire, Me Gérard Mino revient sur « l’éviction du train manu militari », car « on ne lui a pas demandé sa carte [d’abonnement], mais de descendre du train, sous peine de bloquer tous les passagers. Il est molesté et jeté hors du train ». L’avocat ironise sur la soi-disant « perturbati­on du trafic ferroviair­e, un jour de grève où la majorité des trains est annulée ».

Ce matin-là, Birame S. allait travailler à Marseille, comme tous les jours de la semaine.

L’agent SNCF a reçu 200 euros de dommages et intérêts (plus 400 euros de frais de justice). La SNCF n’a pas été reconnue partie civile. La défense a fait appel sur le tout, la partie civile sur les intérêts civils.

Chacun avec exactement les mêmes mots : « C’est une question de principe .»

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