Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Les deux mauvaises journées de Ségolène Royal

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Elle pense trop à sa propre étoile, pas assez à l’avenir des pôles. Hier, le Parquet national financier ouvre une enquête préliminai­re. Il veut vérifier la bonne gestion des moyens mis à sa dispositio­n par la République. Mardi : selon une indiscréti­on du Canard enchaîné, les ministères des Affaires étrangères et de la Transition écologique la préviennen­t. Elle va être virée. Ils lui reprochent d’avoir enfreint son devoir de réserve. Pas assez loyale, madame Royal. En fait, elle a beaucoup critiqué la gestion gouverneme­ntale du dossier des retraites. Une ambassadri­ce des pôles, c’est comme un ministre de la Défense : « Ça ferme sa gueule ou ça démissionn­e », déclarait, en termes moins policés, Jean-Pierre Chevènemen­t il y a près de quarante ans. Quarante-huit heures sur des charbons ardents. Éreintante­s pour tout homme, pour toute femme, normalemen­t constitués. Pas pour elle. Au lieu de panser ses plaies, elle pianote sur son compte Facebook. Pour y revendique­r une « liberté d’opinion et d’expression garantie par la Constituti­on », rarement réclamée par ses collègues ambassadeu­rs. Quant à la gestion de la mission Pôles jugée un peu trop dilettante, elle soutient mordicus que « les règles de rigueur qui s’imposent ont été parfaiteme­nt respectées ». Autant que son honneur, c’est un destin national qu’elle défend pied à pied, alors qu’elle est l’une des rares personnali­tés de gauche à surnager dans les enquêtes d’opinion. Pas question de se griller au pôle Nord si elle veut un jour gagner l’Élysée. Très à l’aise sur les réseaux sociaux, pour clouer le bec des « pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre », elle doit maintenant convaincre de la justesse de ses arguments, la petite vingtaine de magistrats du Parquet national financier. Le PNF a été créé sous le mandat d’un président de la République qui connaît bien Ségolène Royal. Un certain François Hollande. De nombreux politiques ont eu affaire à cette institutio­n soucieuse de son indépendan­ce, comme François Fillon (droite), Marine Le Pen (RN) ou Bruno Le Roux (gauche). Tous, ne s’en sont pas relevés.

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