Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

René Zucco, la mémoire vive du Dramont

Petit-fils de carrier, président du Cercle dramontois, René Zucco s’attache à redorer le blason du quartier

- Textes : Nicolas PASCAL / npascal@varmatin.fr Photos : Sophie LOUVET

C’est plutôt difficile de l’imaginer de nos jours. Tellement tous les quartiers raphaëlois semblent être harmonieux et très agréables à parcourir. Sauf que...

Il y a un temps, « à cause de la carrière de pavés, Le Dramont était une zone presque “malfamée”, en tout cas peu avenante, en comparaiso­n des quartiers bourgeois de Valescure ou Boulouris. Peu à peu, ces différence­s se sont estompées avec le temps et aujourd’hui, donc, il nous tient à coeur de réhabilite­r ce passé, pour ne pas oublier ». Celui qui parle n’est autre que René Zucco, à la tête de l’associatio­n du Cercle dramontois. Né il y a un peu plus de 70 ans dans le quartier – « dans une villa de la descente au Poussaï » –, l’homme a presque toujours vécu dans les environs. Petits-fils de carrier, fils d’un entreprene­ur de maçonnerie, René Zucco et ses deux frères ont longtemps vécu dans la cité ouvrière des carriers, au Dramont, avant la réhabilita­tion définitive des lieux. « Après l’école, je suis allé au lycée à Boulouris, en 6e et 5e, avant d’aller au nouveau, en centrevill­e, se souvient le grand enfant qu’il est resté. J’ai finalement rejoint celui de Lorgues, car c’était un lycée technique, et mon père me disait que ça pourrait toujours servir. »

Mais l’adolescent n’a pas vraiment d’idée précise pour son avenir... Entre-temps, le grand frère, Michel Zucco, passe son diplôme d’architecte. « On en parlait beaucoup entre nous. Il me disait de venir le rejoindre quand il créera son cabinet ! “Prends cette branche”, me conseillai­t-il. Et j’ai fini par accepter. À l’époque, il y avait une loi qui disait que si je devenais collaborat­eur d’architecte, au bout de dix ans je pouvais prétendre au fameux diplôme... » Bingo ! Le pari sera réussi. René Zucco a quasiment 21 ans quand il valide sa formation de collaborat­eur. Son frère Michel, de cinq ans son aîné, obtient son diplôme à peu près au même moment et invite donc son frère à la création, en 1970, du cabinet Zucco-Ruffini. « Ce cabinet d’architecte­s existe toujours, il est à Fréjus, et fête cette année ses 50 ans », tient à préciser René Zucco. Une belle collaborat­ion qui portera ses fruits, entre son frère et lui, jeune marié et futur papa de deux garçons... « J’ai connu mon épouse tout petit ! Sur les bancs de l’école. On s’est mariés à vingt ans. Et on a eu deux garçons par la suite. C’était une époque où, ensuite, la loi a changé concernant l’obtention du diplôme d’architecte. Il ne suffisait plus de passer dix ans à collaborer pour être architecte. À 30 ans, j’ai dû faire une formation à Marseille. Tous les matins, pendant un temps, je me levais à 5 heures pour suivre les cours là-bas. Histoire de montrer à mes enfants que dans la vie, il faut savoir se bouger pour arriver à quelque chose ! D’ailleurs j’ai obtenu ce diplôme d’architecte, et j’ai aimé passionném­ent mon métier. » La transmissi­on de ce genre de valeurs, entre génération­s, est sacrée pour René Zucco, qui a plaisir, aujourd’hui, à prendre soin de ses cinq petits-enfants. « Je vis désormais une vie épanouie de retraité, sourit-il. Le mercredi, je leur consacre ce jour pour les conduire à leurs différente­s activités. J’en profite pour leur parler de la vie et leur transmettr­e un certain nombre de valeurs. »

C’est que René Zucco a dû prendre une retraite un peu plus tôt que ce qu’il pensait : le stress le rongeait. « Architecte, un métier tellement passionnan­t. Mais stressant, en effet ! Il n’y a plus vraiment une conscience profession­nelle chez beaucoup d’entreprene­urs, c’est dommage. Et c’est l’architecte qu’on appelle, qui est en première ligne », résume celui qui, désormais, depuis quelques années, a le temps de se poser, de lire, de réfléchir à l’animation de son quartier. « Mon épouse Yvonne et moi regrettion­s une certaine animation du quartier, hélas perdue. Il y a 12 ans, on a donc créé le Cercle Dramontois avec plus de 27 animations par an – lotos, aïolis, Téléthon, soirées à thèmes... Et j’en suis président depuis 6 ans, prenant le relais de mon épouse. Elle est extra ! Elle a notamment initié la Saint-Roch qui fêtera ses 10 ans cet été. » D’autres projets ont vu et verront le jour, sous l’impulsion de ce couple amoureux de son quartier : « Je suis heureux d’avoir pu rapidement mettre en place le chemin d’interpréta­tion des carriers, inauguré l’été dernier. Il était temps, afin de conserver les derniers vestiges. De nombreuses visites régulières se font, c’est plaisant de voir ça ! De plus, un livre retraçant l’histoire des carriers devrait sortir en mai. Par ailleurs, beaucoup de candidats à la mairie proposent de faire un musée du Débarqueme­nt au Dramont. Ce n’est pas nouveau, on étudie cette idée depuis quelques années ! »

‘‘ Mon épouse et moi regrettion­s l’animation d’autrefois ”

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