Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
René Zucco, la mémoire vive du Dramont
Petit-fils de carrier, président du Cercle dramontois, René Zucco s’attache à redorer le blason du quartier
C’est plutôt difficile de l’imaginer de nos jours. Tellement tous les quartiers raphaëlois semblent être harmonieux et très agréables à parcourir. Sauf que...
Il y a un temps, « à cause de la carrière de pavés, Le Dramont était une zone presque “malfamée”, en tout cas peu avenante, en comparaison des quartiers bourgeois de Valescure ou Boulouris. Peu à peu, ces différences se sont estompées avec le temps et aujourd’hui, donc, il nous tient à coeur de réhabiliter ce passé, pour ne pas oublier ». Celui qui parle n’est autre que René Zucco, à la tête de l’association du Cercle dramontois. Né il y a un peu plus de 70 ans dans le quartier – « dans une villa de la descente au Poussaï » –, l’homme a presque toujours vécu dans les environs. Petits-fils de carrier, fils d’un entrepreneur de maçonnerie, René Zucco et ses deux frères ont longtemps vécu dans la cité ouvrière des carriers, au Dramont, avant la réhabilitation définitive des lieux. « Après l’école, je suis allé au lycée à Boulouris, en 6e et 5e, avant d’aller au nouveau, en centreville, se souvient le grand enfant qu’il est resté. J’ai finalement rejoint celui de Lorgues, car c’était un lycée technique, et mon père me disait que ça pourrait toujours servir. »
Mais l’adolescent n’a pas vraiment d’idée précise pour son avenir... Entre-temps, le grand frère, Michel Zucco, passe son diplôme d’architecte. « On en parlait beaucoup entre nous. Il me disait de venir le rejoindre quand il créera son cabinet ! “Prends cette branche”, me conseillait-il. Et j’ai fini par accepter. À l’époque, il y avait une loi qui disait que si je devenais collaborateur d’architecte, au bout de dix ans je pouvais prétendre au fameux diplôme... » Bingo ! Le pari sera réussi. René Zucco a quasiment 21 ans quand il valide sa formation de collaborateur. Son frère Michel, de cinq ans son aîné, obtient son diplôme à peu près au même moment et invite donc son frère à la création, en 1970, du cabinet Zucco-Ruffini. « Ce cabinet d’architectes existe toujours, il est à Fréjus, et fête cette année ses 50 ans », tient à préciser René Zucco. Une belle collaboration qui portera ses fruits, entre son frère et lui, jeune marié et futur papa de deux garçons... « J’ai connu mon épouse tout petit ! Sur les bancs de l’école. On s’est mariés à vingt ans. Et on a eu deux garçons par la suite. C’était une époque où, ensuite, la loi a changé concernant l’obtention du diplôme d’architecte. Il ne suffisait plus de passer dix ans à collaborer pour être architecte. À 30 ans, j’ai dû faire une formation à Marseille. Tous les matins, pendant un temps, je me levais à 5 heures pour suivre les cours là-bas. Histoire de montrer à mes enfants que dans la vie, il faut savoir se bouger pour arriver à quelque chose ! D’ailleurs j’ai obtenu ce diplôme d’architecte, et j’ai aimé passionnément mon métier. » La transmission de ce genre de valeurs, entre générations, est sacrée pour René Zucco, qui a plaisir, aujourd’hui, à prendre soin de ses cinq petits-enfants. « Je vis désormais une vie épanouie de retraité, sourit-il. Le mercredi, je leur consacre ce jour pour les conduire à leurs différentes activités. J’en profite pour leur parler de la vie et leur transmettre un certain nombre de valeurs. »
C’est que René Zucco a dû prendre une retraite un peu plus tôt que ce qu’il pensait : le stress le rongeait. « Architecte, un métier tellement passionnant. Mais stressant, en effet ! Il n’y a plus vraiment une conscience professionnelle chez beaucoup d’entrepreneurs, c’est dommage. Et c’est l’architecte qu’on appelle, qui est en première ligne », résume celui qui, désormais, depuis quelques années, a le temps de se poser, de lire, de réfléchir à l’animation de son quartier. « Mon épouse Yvonne et moi regrettions une certaine animation du quartier, hélas perdue. Il y a 12 ans, on a donc créé le Cercle Dramontois avec plus de 27 animations par an – lotos, aïolis, Téléthon, soirées à thèmes... Et j’en suis président depuis 6 ans, prenant le relais de mon épouse. Elle est extra ! Elle a notamment initié la Saint-Roch qui fêtera ses 10 ans cet été. » D’autres projets ont vu et verront le jour, sous l’impulsion de ce couple amoureux de son quartier : « Je suis heureux d’avoir pu rapidement mettre en place le chemin d’interprétation des carriers, inauguré l’été dernier. Il était temps, afin de conserver les derniers vestiges. De nombreuses visites régulières se font, c’est plaisant de voir ça ! De plus, un livre retraçant l’histoire des carriers devrait sortir en mai. Par ailleurs, beaucoup de candidats à la mairie proposent de faire un musée du Débarquement au Dramont. Ce n’est pas nouveau, on étudie cette idée depuis quelques années ! »
‘‘ Mon épouse et moi regrettions l’animation d’autrefois ”