Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Des centaines de brebis en pâture
Philippe Garnier, dernier berger à faire brouter ses bêtes à Draguignan, s’est positionné dans les prés verdoyants. Il vient d’achever la tonte des animaux. Il sera là encore quelques jours
Du haut de ses 62 ans, Philippe Garnier contemple les prés. « C’est l’un des derniers espaces naturels de la ville », soupire-t-il. Pour combien de temps encore ? Ici, à Sainte-Barbe, les hectares sont prisés. Pas un candidat à la dernière élection municipale ne partait en campagne avec sa petite idée de comment transformer ces étendues d’herbes. Centre de loisirs, logements, entreprises… « Ça fait 20 ans que je viens, 20 ans qu’on parle de projets ici. Et pour l’instant, rien. »
Il a raison, Philippe. Sur les terres verdoyantes, pas de trace de tractopelle : juste des brebis, des agneaux et quelques béliers. Ceux de Philippe, descendus de Montferrat pour la transhumance.
« Partout où il y a un pré, j’y vais ! »
Dans ce décor champêtre, à deux pas des écoles militaires, le berger profite d’une météo idéale pour procéder à la tonte des bêtes (lire ci-dessous). « Je viens toujours à Draguignan dans ces périodes. Parfois à Saint-Hermentaire, au skatepark ou ailleurs. Partout où il y a des prés, j’y vais. » Cette saison, c’est donc à Sainte-Barbe, et l’Agglo, propriétaire du site, l’en remercie : « Les brebis vont désherber tout le terrain. Même ce qu’elles ne mangent pas, elle le piétine. » Bref, une belle symbiose qui profite à tous les milieux.
Philippe restera sur place encore quelques jours. « Après, on remontera comme on est descendus : à pied. » À travers les anciennes voies romaines, le Malmont, jusqu’à Montferrat, où se situe sa bergerie. Et ce n’est pas fini. « D’ici fin juin, la laine aura repoussé. Il sera temps d’aller en montagne. » Toujours à pied.
« Tant que j’ai la santé, je continue ! »
Du haut de ses 62 printemps, Philippe a vu l’évolution du métier, pas forcément pour le meilleur. « Je suis le dernier à Draguignan. C’est difficile pour la succession. Il faut trouver un berger qui reprenne mon troupeau. » Mais pour l’heure, il n’est pas question de retraite pour le bonhomme. « Tant que j’ai la santé, je continue. Sinon, on fait quoi ? On s’ennuie ! »
La voix posée, le regard fixe, Philippe parle peu, mais parle juste. « C’est un peu la fin du pastoralisme », prédit-il. Il reste quand même de fiers représentants de cette activité ancestrale, et tant qu’ils seront là, le pastoralisme vivra.