Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Le code a changé
La phase de liberté ragaillardie dans laquelle nous entrons va permettre à beaucoup de se relancer et à quelques autres de souffler. Je pense à tous ces soignants du quotidien, anonymes et admirables... Mais aussi à ces pontes de la médecine, experts multichaînes qui, depuis mi-mars, faisaient double voire triple journée. Ils vont, peut-être, déserter enfin ces plateaux télé qu’ils squattent assidûment, non sans une évidente gourmandise. Ça reposera tout le monde, eux et nous !
Puisque l’air est aujourd’hui un peu plus léger, pourquoi ne pas se laisser aller à l’optimisme ? La crise a fait des dégâts sanitaires irrémédiables, que rien ne pansera. Sur le plan économique, en revanche, on voit bien les fulgurantes capacités de rebond d’une société plus résiliente qu’on le croit. Des activités sont dans le dur, mais d’autres réussissent à s’adapter ; d’autres encore émergent et vont, ces prochains mois, faire leur trou et leur beurre. C’est au fond un cycle classique d’évolution, que la pandémie n’aura fait que précipiter. Le Covid- aura aussi eu le mérite de doper des mutations qui, jusque-là, s’opéraient le pied sur le frein. L’exemple du vélo est le plus frappant, jusqu’à la caricature. Hormis en de rares villes, il peinait, en dépit de tous les discours vertueux, à trouver sa place. Des décennies de tout-voiture empêchaient de penser la ville autrement qu’à son service. Et, d’un coup, l’épidémie a tout emporté. Ce qui était impossible est devenu obligatoire, j’allais dire dictatorial : il n’y en a plus désormais que pour la petite reine et ses adeptes. Il ne faut pas s’en plaindre, ce renversement est salutaire, même s’il s’opère aujourd’hui dans la précipitation la plus totale, à tort et à travers parfois, générant d’inévitables rétropédalages. C’est le propre des révolutions de basculer dans l’excès. Le balancier finira par se stabiliser. Allez, il faut se dire que la période qui s’ouvre sera formidable ! A minima, elle bousculera bien des codes.
« C’est le propre des révolutions de basculer dans l’excès. »