Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Menace d’une suspension Des pales aux vertus plus pâles qu’annoncées ?
Les éoliennes en cours d’installation sur les territoires des communes d’Artigues et Ollières gagnent régulièrement en visibilité… Ce qui les expose également à des réactions, de satisfaction mais plus souvent d’hostilité. Ainsi, l’association « Les amis des montagnes d’Azur » (« Lama »), basée à Saint-Auban (Alpes-Maritimes) a souhaité réagir à notre article consacré à ce projet éolien d’installation de 22 éoliennes de 125 mètres de haut (notre édition du 7 mai).
« Lama » explique se préoccuper « de la préservation de l’environnement » et a combattu – pour l’heure avec succès – plusieurs projets éoliens ces dernières années dans les Alpes-Maritimes.
« à % » des besoins de habitants
« Lama » tempère d’emblée l’affirmation de l’entreprise “Terre et lac conseil” selon laquelle ces 22 éoliennes couvriraient les besoins en électricité (hors chauffage) de 100 000 habitants. Ce chiffre fait « sans doute référence au site www.agence-france-electricite.fr, qui indique que la consommation moyenne pour l’éclairage et l’électroménager pour une personne, est 1 100 kilowatts heure (KWh) /an en moyenne, soit environ 3 KWh/ jour et par personne, quelle que soit la surface du logement ».
Pour l’association et sa présidente Ruth Jessop, « cela ne reflète pas du tout les besoins réels par habitant. (...) Cela n’a pas de sens de déconnecter les foyers de ce qui leur permet de vivre (four du boulanger, frigo du boucher, éclairage des commerces et des rues, tramways, hôpital, etc). Il est établi qu’un seul Français nécessite 150 KWh/ jour d’énergie primaire (pétrole, gaz, charbon, nucléaire, renouvelables). » Sur cette base de calcul bien différente, la consommation pour 100 000 habitants se monte à 5 475 GWh/an. Si l’on en soustrait les énergies de chauffage, de déplacements, en lien avec le pétrole, « qui représentent à peu près la moitié de l’énergie consommée », l’association en conclut que les 22 éoliennes produiront 120 GWh/an soit « autour de 5 à 6 % du chiffre annoncé pour alimenter 100 000 personnes ».
Bilan carbone
Les vertus durables de l’énergie éolienne sont également contestées, chiffres à l’appui. Alors que le nucléaire produit 12 g de CO2 par KWh produit, l’éolien « ne réduit en rien ces rejets », car il rejette en théorie, cette même quantité de 12 g. En théorie, car cela suppose que les éoliennes fonctionnent « à 100 % du temps à plein régime ».
En réalité, « l’éolien en France, a en moyenne, un facteur de charge
(1) de 23 % ; 28,3 % pour cette installation », observe l’association. Lorsque le vent vient à manquer, « on est obligé de mettre en marche des centrales à gaz pour combler le facteur de charge restant, soit 72 % pour cette installation, afin de pallier l’arrêt des éoliennes. »
Une centrale à gaz correspondant « à 500 g de CO2 par KWh d’électricité produite, on ne diminue donc pas le CO2, mais on l’augmente au contraire très fortement ! » L’association propose son propre calcul du prorata de CO2/ KWh du mix éolien et gaz : « On passe d’un taux de 12 g de CO2 (nucléaire) à un taux de 363 g de CO2 ! Et, dans ce cas, on a multiplié par plus de 30 l’impact CO2 ».
Pour parachever ce sinistre tableau, « Lama » précise que « ce décompte du CO2 ne préjuge pas du CO2 libéré lorsqu’il faudra démonter ces éoliennes dans 15 ou 20 ans pour cause de vétusté, ni des dégâts occasionnés à l’environnement par les 1 500 tonnes de béton armé formant chacun des socles qui, eux, ont toutes les chances de rester définitivement enfouis dans le sol. » S’il est aujourd’hui trop tard pour contrer le projet d’Ollières-Artigues, les opposants à l’éolien – nombreux et actifs dans la région – semblent déterminés à faire en sorte que celui-ci ne constitue qu’une exception, et pas un précédent.
1. Rapport entre la puissance installée et la quantité d’électricité réellement produite.