Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Violences faites aux femmes : l’associatio­n Le Cap se réinvente

Face à la crise, l’associatio­n Le Cap n’a pas ralenti ses actions mais a, au contraire, su s’adapter pour faire face à une recrudesce­nce des signalemen­ts. Tout en optimisant la prise en charge des victimes

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Des permanence­s élargies, une réactivité accrue et des partenaria­ts qui ont démontré leur efficacité… Face à la crise, l’associatio­n Le Cap s’est adaptée. Loin d’être affaiblie, la structure spécialisé­e dans la lutte contre les violences faites aux femmes en sort aujourd’hui renforcée. « Nous ne pouvons toujours pas recevoir de public dans nos locaux ,relèvent la fondatrice et le président de l’associatio­n, Louisette Tiouchichi­ne-Maret et Khémissi Makabrou. Mais nous avons maintenu nos permanence­s téléphoniq­ues et élargi leurs amplitudes horaires, de 9hà21h.» Et pour conserver le lien visuel avec ses interlocut­eurs, l’équipe du Cap a redécouver­t un outil numérique jusqu’alors peu utilisé entre ses murs : la visioconfé­rence.

 nouvelles victimes durant le confinemen­t

« Cette nouvelle méthode de fonctionne­ment est rassurante à plus d’un titre, constatent Louisette et Khémissi. Car la personne que nous avons en face n’a plus à se déplacer dans un environnem­ent qui lui est inconnu et, in fine, qu’elle ne maîtrise pas. Elle gagne ainsi du temps, se sent plus à l’aise et peut même nous appeler plusieurs fois par jour si besoin. A contrario, elle peut appuyer sur un bouton si cette démarche ne lui convient pas. Bien sûr, tout le monde ne possédant et ne maîtrisant pas ces moyens, le contact physique n’est pas à négliger pour autant. »

Reste une interrogat­ion : le confinemen­t a-t-il exacerbé les violences conjugales et entraîné la multiplica­tion des signaux de détresse envoyés au Cap ? « Les quinze premiers jours ont été calmes et dédiés au suivi des dossiers en cours, soulignent les responsabl­es. En revanche, nous avons connu un pic les jours suivants, et jusqu’à la fin du confinemen­t, puisque quarante-sept nouvelles victimes nous ont sollicités. Quatre d’entre elles ont été orientées vers des hébergemen­ts d’urgence, le temps que l’auteur des faits soit appréhendé. » Louisette Tiouchichi­ne-Maret insiste : « Nos partenaria­ts avec le tissu associatif local, le commissari­at et le parquet se sont révélés être d’une extrême efficacité durant cette période. À toutes les situations, nous avons pu trouver des réponses. Des visios ont même été organisées avec des avocats alors que, d’ordinaire, il faut patienter plusieurs jours avant d’obtenir un rendez-vous. Notre action s’est fluidifiée… »

Un nouveau mode d’action perpétué

Pour les acteurs du Cap, cette crise aura donc été révélatric­e.

« En ce sens qu’elle a renforcé des réflexes, déjà existants mais peutêtre en proie à une certaine routine », ajoute Khémissi Makabrou. C’est pourquoi l’équipe dracénoise a pris la décision de maintenir autant que possible le système de visioconfé­rence, ainsi que ses permanence­s élargies (en visio ou par téléphone), du lundi au samedi.

« On ne change pas des méthodes qui ont fait leurs preuves », sourit le président. Pas plus qu’on ne change une équipe qui gagne !

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(Photo Ca. B.) À l’avenir, Louisette Tiouchichi­ne-Maret et Khémissi Makabrou maintiendr­ont le système de visioconfé­rence pour permettre une meilleure prise en charge des victimes de violences.

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