Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Mort de George Floyd : l’Amérique sous haute tension

Les tensions ne retombent pas aux Etats-Unis depuis le décès de George Floyd, un homme noir de 46 ans lors d’une interpella­tion à Minneapoli­s. Les manifestat­ions ont gagné de nombreuses villes du pays

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La ville de Minneapoli­s a annoncé, hier, un déploiemen­t de forces sans précédent au lendemain d’une quatrième nuit d’émeutes, qui se sont propagées dans plusieurs grandes villes américaine­s, malgré l’arrestatio­n du policier impliqué dans la mort de George Floyd, cet Afro-Américain dont le décès a ravivé les plaies raciales des Etats-Unis.

« La situation à Minneapoli­s n’a absolument plus rien à voir avec le meurtre de George Floyd », a déclaré, hier, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, au cours d’une conférence de presse. « Il s’agit [...] d’instiller la peur et de déstabilis­er nos grandes villes. »

Il a annoncé la mobilisati­on générale des 13 000 soldats de la Garde nationale de l’Etat, une première, et indiqué avoir demandé l’aide du ministère de la Défense. Des unités de la police militaire ont été mises en alerte pour pouvoir éventuelle­ment intervenir à Minneapoli­s.

Hier matin, des habitants à travers la ville nettoyaien­t les dégâts de la veille, munis de balais. «Ma ville brûle, donc la seule chose que je puisse faire c’est aider à nettoyer », a déclaré à l’Agence France Presse (AFP) Kyle Johnson, 28 ans. Une centaine de personnes étaient réunies, avec des fleurs et en chantant « pas de justice, pas de paix », à l’endroit où est mort George Floyd lors de son arrestatio­n.

« Démonstrat­ion de force »

L’armée américaine ne peut légalement pas intervenir sur le territoire américain, au nom de la protection des civils, sauf en cas d’insurrecti­on, ce qui ne s’est pas produit depuis 1992, lors des émeutes de Los Angeles ayant suivi la mort d’un autre homme

Noir aux mains de la police, Rodney King. Le déploiemen­t vendredi soir de 2 500 policiers et soldats de la Garde nationale et l’imposition d’un couvre-feu n’ont pas empêché la grande ville du Minnesota de s’embraser, avec plusieurs commerces incendiés, de nouveaux pillages et de nombreuses dégradatio­ns.

« Il faut qu’ils arrêtent de tuer nos jeunes »

« C’est un chiffre énorme en termes de forces de l’ordre », a noté le responsabl­e des forces de sécurité de l’Etat, John Harrington. « Mais nous avons été confrontés à des dizaines de milliers d’émeutiers ».

Quelques dizaines de personnes ont été arrêtées, dont 80 % provenaien­t d’autres régions des EtatsUnis, selon les autorités locales qui ont indiqué disposer d’informatio­ns montrant que des groupes suprémacis­tes blancs et des émeutiers avaient utilisé les réseaux sociaux et le « dark web » pour organiser le mouvement. La tension est également montée dans le reste du pays. Des centaines de personnes se sont rassemblée­s à New York, Dallas, Houston, ville d’origine de la victime, ou encore Las Vegas, Des Moines, Memphis et Portland, y compris devant la Maison Blanche, à Washington.

L’affaire rappelle la mort d’Eric Garner, un homme noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestatio­n par des policiers blancs. Lui aussi avait dit : « Je ne peux pas respirer », une phrase devenue un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte »). « Trop c’est trop », a déclaré sa mère, Gwen Carr, à New York vendredi. « Il faut qu’ils arrêtent de venir dans nos quartiers et de terroriser et tuer nos jeunes. »

 ?? (Doc Facebook) ?? Première dans l’histoire du Minnesota : le gouverneur démocrate Tim Walz a annoncé, hier, la mobilisati­on des   hommes de la Garde nationale de son Etat.
(Doc Facebook) Première dans l’histoire du Minnesota : le gouverneur démocrate Tim Walz a annoncé, hier, la mobilisati­on des   hommes de la Garde nationale de son Etat.

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