Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Ségur de la santé : « Une envie très forte de toucher tout le monde »
Le Dr Patrick Delasalle est gastroentérologue à Grasse et président du conseil national professionnel (CNP) d’hépato-gastroentérologie.
En tant que président de CNP, vous avez fait partie des rares « privilégiés », invités au lancement du Ségur de la santé cette semaine.
Quel est votre sentiment ?
L’exécutif a de grandes ambitions. Il reste à savoir s’il a les moyens de ses ambitions.
D’aucuns déplorent déjà que le Ségur de la santé ne concerne que l’hôpital...
Le Premier ministre a déclaré ne pas vouloir faire d’hospitalocentrisme. Et on a senti en effet une envie très forte de toucher tout le monde dans le secteur de la santé et du médico-social. Il a insisté aussi sur la nécessité de renforcer les liens entre le public et le privé, alors que leur mission est identique : soigner. Il a été rappelé à cette occasion par le président de la FHP (Fédération de l’hospitalisation privée) qu’en Île-de-France, le secteur privé avait accueilli % des patients de réanimation, au pic de l’épidémie.
Un des axes du Ségur de la santé, c’est plus d’agilité, alors qu’aujourd’hui, le système souffre du poids de l’administratif. Le gouvernement a-t-il des pistes ?
Édourad Philippe et Olivier Véran ont répété à plusieurs reprises : « On veut libérer le système de santé des carcans administratifs ». Vont-ils y arriver ? Pendant la crise, on a vu que c’était possible. Les Agences régionales de santé (ARS) ont donné des autorisations très rapides. On peut garder l’espoir qu’il ne faudra plus des années dans l’avenir pour obtenir ces mêmes autorisations !
Autre sujet de débat : la régionalisation des politiques de santé. Des avancées en perspective ?
C’est en effet un souhait du gouvernement. Et sur ce thème, l’intervention de François Baroin (président de l’Association des maires de France, Ndlr) était très intéressante. Il a rappelé la mobilisation des maires pour fournir des masques aux infirmiers, aides-soignants dans les premiers temps de l’épidémie. Et proposé que les collectivités locales soient désormais impliquées dans les décisions prises dans le champ de la santé. Des débats vont d’ailleurs être prochainement organisés en région qui devront aboutir à des propositions.
Une information a-t-elle particulièrement retenu votre attention ?
J’ai été très étonné d’apprendre qu’une forte correspondance entre mortalité du Covid et niveau socioprofessionnel avait été mise en évidence. Ces inégalités en santé imposent un gros travail dans le domaine de la prévention
Y a-t-il un sujet qui vous semble avoir été oublié ?
Concernant ma profession, se pose le gros problème de la démographie. On a des médecins qui vieillissent et prennent leur retraite sans être remplacés faute de relève. Il faut trouver des solutions.