Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
VIH : un suivi étroit des patients
Soins Les personnes séropositives sous traitement ne sont pas plus à risque que les autres face au Covid-19. Pourtant, il a fallu rassurer et rectifier certaines rumeurs
Les malades chroniques traversent l’épidémie de Covid19 avec plus ou moins d’angoisse. Certaines pathologies, à l’instar du diabète ou de maladies pulmonaires, sont, en effet, des facteurs de risques de développer des formes sévères de ce coronavirus. Quid des patients VIH ? « Dans les premiers temps, nous n’avions pas beaucoup de recul, nous manquions d’informations scientifiques validées, la prudence était donc de mise, souligne le Dr Pascal Pugliese, infectiologue au CHU de Nice, président du CoreVIH (Comité régional de lutte contre le VIH) PACA EST et président de la Société française de lutte contre le sida. Nous avons gardé le contact par téléphone avec les patients. Il fallait les informer en fonction de ce que nous savions, mais aussi les rassurer. Rapidement, il est apparu qu’ils n’étaient pas plus à risques que le reste de la population parce que sous traitement et stables, ils ne présentent pas d’immunodépression. En revanche, d’autres comorbidités pouvaient jouer, comme par exemple l’âge ou l’obésité. Le cas échéant, nous pouvons leur prescrire des masques. Globalement, tous ceux que nous suivons «« Dès le début du confinement, il nous a semblé primordial de maintenir une activité, raconte Erwann Le Hô, président du centre LGBT de Nice. Nous avons fermé l’accueil collectif, évidemment, mais nous avons pu maintenir le lien via le téléphone et les réseaux sociaux avec le public. »
Les associations ont été confrontées à plusieurs problématiques : « Certaines personnes se sont retrouvées confinées en famille et l’ont très mal vécu à cause de problèmes d’homophobie, explique Loïc Jourdan, vice-président du centre LGBT. Nous avons reçu des messages de désespoir venant de gays, de trans, etc., qui devaient supporter à longueur de journée des remarques déplacées de
Les médecins s’appuient sur les associations pour relayer les messages de prévention et de dépistage ; comme au centre LGBT de Nice où il est possible de faire un test rapide (TROD).
ont été incités à bien respecter le confinement et les mesures barrières. »
Quelques consultations en présentiel ont été maintenues, pour des motifs de complications liées au VIH mais aussi une fois pour une découverte de séropositivité. « Dans ce cas et comme en temps leurs proches. Et si en temps habituel, il y a le travail, les sorties pour évacuer et mettre de la distance ; le fait d’être 24 heures sur 24 dans une telle atmosphère a été parfois invivable. »
Souffrance psychique
Pire encore pour les homos, trans, etc., souffrant du VIH : « Ils sont souvent isolés et discriminés, là, ils l’étaient plus encore », remarque le Dr Pugliese. De ce fait, les craintes liées à la contamination au Covid se sont presque effacées face à ces souffrances psychiques intenses.
Autre souci : sans point d’accueil, difficile de recevoir certaines populations, notamment celles sans papiers
habituel, il est important de prendre en charge le patient sans attendre pour l’informer et enclencher les traitements, souligne le spécialiste. Le but est que sa charge virale soit rapidement maîtrisée. Car une personne sous traitement présentant une charge virale négative ne transmet pas le VIH. » souffrant du rejet de leurs pairs du fait de leur orentation sexuelle ou encore des travailleurs du sexe précaires. « Nous avons installé un distributeur gratuit de préservatifs afin de compenser en partie la fermeture des lieux où il y en avait à disposition. Pour certains, il est difficile d’aller à la pharmacie de son quartier ou d’en acheter au supermarché. Là, ils peuvent se servir. Car l’objectif est avant tout de limiter l’exposition aux risques de contamination au VIH et aux IST », détaille Erwann Le Hô. Le public LGBT est « habitué » aux messages de prévention, pour autant, ce contexte de pandémie étant inédit, il s’est posé de nombreuses questions. « Nous
Se faire dépister
Tous les patients suivis pour cette pathologie, ainsi que ceux qui prennent la PREP (Prophylaxie pré-exposition, un traitement préventif qui évite d’être contaminé) ont pu bénéficier, comme pour l’ensemble de la population, du renouvellement automatique des avons fait un gros travail d’information sur les réseaux sociaux, par téléphone , résume Loïc Jourdan. Et nous le poursuivons. Désormais, il faut aussi préparer le retour à la normale et la réouverture des lieux festifs. Nous en parlons avec les patrons des établissements depuis le début du déconfinement. » Le retour à la vie presque normale se fait progressivement. Mais les associatifs vont devoir panser les plaies laissées par la crise sanitaire, qui peut-être, n’apparaîtront que plus tard.
Pour trouver des informations sur les thèmes de la santé, la santé sexuelle, la santé mentale, etc., vous pouvez contacter
le 09.81.93.14.82. ou par SMS au 06.69.98.80.80. (bien préciser l’objet du rdv dans le SMS). ordonnances s’ils arrivaient en fin de traitement pendant le confinement. Il n’y a donc eu aucun problème d’approvisionnement en médicaments.
Les médecins ont toutefois dû faire face à des rumeurs. « Un moment, circulait l’idée que les antirétroviraux protégeaient de l’infection au Covid-19. Or aucune étude ne le démontre à l’heure actuelle », raconte le Dr Pugliese. Car il était important que ceux qui prennent ce traitement ne se sentent pas plus protégés que les autres. L’infectiologue conseille au public (à tout le public !) de faire un dépistage, pourquoi pas à l’occasion d’un test pour le Covid-19. Le dispositif Labo sans Ordo permet à n’importe qui de se présenter dans un laboratoire de ville et de se faire dépister pour le VIH, pris en charge par la Sécurité sociale sans ordonnance. Mais il est également possible d’acheter des auto-tests en pharmacie ou encore de se rendre dans un CeGIDD (Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic). C’est l’occasion pour être sûr de son statut sérologique et aborder l’été sereinement !
Les associatifs ont reçu beaucoup de témoignages de personnes ayant subi des pressions psychologiques de la part de leurs proches.