Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

La Ligue  loin du mirage d’un ‘‘Big ’’ européen

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Seule grande ligue de foot à ne pas redémarrer sa saison, la France, qui cravache pour réduire l’écart économique et sportif la séparant de ses voisins, voit ses espoirs de remontée sérieuseme­nt se compliquer. La fin de l’illusion d’un « Big 5 » des championna­ts européens ? Au pays des champions du monde, les dernières estimation­s de la Ligue (LFP) faisaient état de « plus de 500 millions d’euros » de pertes à redouter à cause de l’arrêt du championna­t, dont plus de 200 millions en droits TV, selon un dirigeant du foot français. Jean-Michel Aulas, le président de Lyon vent debout contre cette fin de saison anticipée, a même noirci le tableau. « Tout ceci va nous amener vers une catastroph­e économique : 700, 800, 900 millions d’euros de pertes au 30 juin pour les clubs » ,at-il martelé en début de semaine sur France Info. Un tel argument a semble-til davantage porté hors de France. En reprenant leur championna­t, les clubs d’Allemagne espèrent sauver 300 millions d’euros de droits TV en terminant la saison. En Angleterre, c’est près de 850 millions d’euros...

« En position de faiblesse »

Mais il n’y a pas que les droits TV et les dégâts pourraient être lourds pour la L1. « Cette perte de revenu peut se mesurer aussi sur les effets d’image, sur les sponsors, les partenaire­s et les clients des clubs qui seront longtemps sans activité », développe Loïc Ravenel, collaborat­eur scientifiq­ue au Centre internatio­nal d’études du sport de Neuchâtel (Suisse). L’arrivée cet été sur le marché du diffuseur Mediapro, principal responsabl­e de l’explosion des droits TV domestique­s en France (1,217 milliard d’euros annuel promis jusqu’en 2024 pour les championna­ts de France), devait propulser les clubs français dans une autre dimension...

Elle viendra surtout combler les pertes, d’autant qu’il faudra ponctionne­r au contrat 224,5 millions d’euros sur quatre ans, correspond­ant au montant du prêt garanti par l’État souscrit par la Ligue pour soulager les trésorerie­s.

Et l’avenir des droits TV, internatio­naux notamment, n’est pas rose pour la « Ligue des Talents » à l’arrêt, face notamment à une Premier League anglaise qui exposera ses matches et ses stars ces prochaines semaines. « Déjà que la L1 était assez peu diffusée à l’étranger, avec cette situation où tous les concurrent­s sur les marchés tels que l’Asie seront diffusés, cela risque d’être plus difficile de renégocier des droits à la hausse », estime Loïc Ravenel.

Ce spécialist­e s’attend aussi àune « diminution de la valeur des joueurs » et à des clubs français « en position de faiblesse » au moment de vendre.

D’autres voix, comme celle de Bernard Caïazzo, président du syndicat Première Ligue regroupant la majorité des écuries de Ligue 1, soulignent au contraire qu’il fallait « espérer » que les championna­ts voisins reprennent afin qu’ils puissent acheter en France.

Cinquième roue du carrosse

« De base, ce concept de ‘‘Big Five’’ est une constructi­on intellectu­elle même si les chiffres montrent que la France est plus près des quatre grands championna­ts que des ligues ‘‘secondaire­s’’ », pointe Loïc Ravenel.

« L’augmentati­on des écarts existait déjà avant la crise, peut-être qu’ils s’accentuero­nt un peu avec cette concurrenc­e faussée », poursuit-il. « Mais la crise peut aussi signer le point de départ d’une meilleure régulation des marchés, où la France, de par sa formation et la jeunesse de sa Ligue par exemple, aurait des atouts à faire valoir ».

En attendant, l’été fera la part belle au « Big 4 ». Et la France devrait être la cinquième roue du carrosse...

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(Photo DR) Sur le front de la L, cette saison - abrégée va coûter cher. A plus d’un titre...

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