Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Stéphane Diagana, sans repères, près de Nice

Domicilié dans la région, l’ancien champion du 400 m haies a couru une dizaine de kilomètres dans les conditions d’un athlète non-voyant

- VIVIEN SEILLER

C’était une plongée dans l’inconnu. Dans un univers qu’il ne maîtrisait pas, après des années passées sur les pistes où tout était calibré pour lui. Pendant que bon nombre d’Azuréens prenaient la route de la montagne, samedi matin, près du pont Charles-Albert, entre Gilette et La Roquette-sur-Var, dans la région nioise, l’ancien athlète Stéphane Diagana se préparait à un défi particulie­r : parcourir la moitié d’un semi-marathon dans les conditions d’un athlète non-voyant.

« On sent la présence des voitures »

Champion du monde du 400 m haies, le natif de l’Aveyron est sorti de sa zone de confort pour les besoins de la websérie Harmonie heroes (1). « À la base, on devait faire le semi-marathon de Paris [le 1er mars] qui a finalement été annulé [et reporté au 6 septembre] en raison de l’épidémie, détaille Diagana. Finalement, on l’a fait avec les moyens du bord, en visio, et je courais avec mon fils qui s’est improvisé guide. »

Après quelques minutes de préparatio­n et de réglages à deux pas du lac du Broc, l’ancien hurdler et son fils ont pris la route, suivis de près par un cameraman, un photograph­e et un preneur de son. Yeux masqués par deux pansements et bras droit relié à son fils par une courte corde, Stéphane Diagana a dû lâcher prise pour relever le défi du nageur paralympiq­ue Théo Curin, lancé dans un semi-marathon en fauteuil au même moment. « Je vais pouvoir dire que j’ai battu Stéphane Diagana », ironise Curin via l’applicatio­n Zoom. «Il n’y a pas match », lui répond le coureur de 50 ans avant de se reconcentr­er sur sa mission du jour. Composé de quatre allers-retours, le parcours semble relativeme­nt simple pour les observateu­rs mais la sensation n’est pas la même pour les concernés : « On sent tout de suite la présence des voitures, on se rend compte à quel point ça peut être effrayant. On sent toujours la voiture plus proche qu’elle ne l’est en réalité ! »

« Des moments d’hésitation »

Encore plus quand les automobili­stes font preuve d’impatience et klaxonnent les deux coureurs en plein défi. « On a beau être avec quelqu’un qui nous tient, une partie de nous n’est pas en sécurité. Il y a des petits moments d’hésitation où je suis obligé de demander à mon fils si c’est OK. On abandonne une grande partie de sa sécurité à la personne qui nous guide, mais on ne l’abandonne pas facilement », sourit le consultant de France télévision­s. Relativeme­nt tranquille, le rythme est surtout régulier et Stéphane Diagana décrit ses sensations à Théo Curin et Estelle Denis, prête à parcourir la seconde partie du semi-marathon entamé par l’ancien athlète. « Il nous reste un kilomètre avant l’arrivée », lance Diagana à la production, avant que son fils, Djibril, ne le guide de nouveau : « Décale-toi un peu sur la gauche, je me sens pressé. » Après une heure passée sur la route 2209, coincée entre les montagnes et longeant le cours de l’Estéron, père et fils ont transmis le témoin virtuel à la journalist­e prête à démarrer depuis Dreux (Eure-etLoir). Après une heure d’effort, Stéphane Diagana est rentré dans la petite caste des Harmony heroes. 1. Websérie produite par Harmonie mutuelle dans laquelle le champion paralympiq­ue Théo Curin (20 ans) met au défi des sportifs valides sur des situations de handicap.

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(Photos ActivImage­s-JacVan) Stéphane Diagana a couru une heure avec son fils dans les conditions d’un athlète non-voyant.
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