Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
La potière Fanny Guilvard se livre sur son « métier passion »
La potière, installée dans le village de la terre cuite, dévoile dans son atelier Ceramosa un peu de son histoire. Et son amour pour la céramique
Chaque vendredi cet été, un artisan de la Dracénie se dévoile. Détenteurs d’un savoir parfois ancestral, ces femmes et hommes de l’ombre méritent bien d’être mis en lumière...
La commune est connue pour sa céramique et ses potiers. Cet art ancestral continue d’être exécuté par des artisans et des artistes. C’est le cas de Fanny Guilvard qui tous les jours, fabrique des pièces uniques.
Et c’est à Salernes qu’elle a créé son atelier Ceramosa. Aujourd’hui elle vit de sa passion. Petite, Fanny Guilvard était très attirée par l’archéologie et, notamment les pièces de poterie. « Mais pour ça, il fallait être professeur d’histoire », explique-t-elle. Elle a donc commencé sa carrière professionnelle dans un tout autre domaine : celui de l’hôtellerie et de la restauration en tant que cuisinière.
« Faire son carrelage, ça me faisait délirer »
Ce n’est qu’en 2001, après un déménagement dans le Sud qu’elle commence son « métier passion », la poterie. « Je me suis acheté mon four, un tour et j’ai commencé à m’entraîner toute seule. » Et c’est avec la terre de Salernes qu’elle va débuter. « Faire son propre carrelage, ça me faisait délirer ! » s’exclame Fanny Guilvard. Des carreaux ont découlé la mosaïque ainsi que, par la même occasion, le nom de son atelier : Ceramosa. Une contraction de céramique et de mosaïque. Avec les emportepièces qu’elle avait gardés de son ancienne profession de cuisinière, elle fabrique des mosaïques pour créer des douches à l’italienne sur mesure. Mais faute de commercialisation de ses créations, la potière revient vers le tournage et la poterie. Cependant elle va cesser d’utiliser la terre de Salernes. Celle-ci étant très argileuse elle convient plus pour la fabrication de carrelage que la poterie. Fanny Guilvard se dirige vers le grès, une terre blanche qui supporte la chaleur comme le gel. Et cela fait maintenant sept ans que cet amour dure. Elle crée désormais surtout de l’art de la table mais aussi des pièces plus artistiques. L’artiste puise son inspiration de la nature. Elle explore le côté animal avec ses pingouins et ses petits oiseaux sur les rebords de ses créations ; le côté végétal avec ses baobabs et minéral avec ses structures brutes. « Mes poteries ne sont jamais complètement lisses », ajoute-t-elle. Pour Fanny Guilvard être artisan c’est aussi être autonome dans son travail. « Je me sens libre de pouvoir gérer mes créations, c’est une bonne ouverture de l’esprit ».
« Partie en vacances avec kgdeterre»
À son compte depuis 12 ans, elle peut créer et modifier ses collections quand bon lui semble. « Sans la création ce serait la routine », confie l’artiste.
« C’est passionnel, je m’éclate à faire ça. Si je ne touche pas à la terre pendant trois jours ça me manque. Je suis même partie en vacances avec 1 kg de terre pour pouvoir faire des petites choses ! ». La créatrice s’épanouit au travers de ses réalisations.
« C’est un métier passion, pas un métier qu’on choisit avec un but lucratif. La commune a subi une forte baisse du nombre d’usines et de potiers pour des raisons économiques. C’est vrai qu’au début des années 2000, au moins une personne par famille travaillait dans une usine de céramique ». En déménageant il y a presque 20 ans à Salernes, Fanny Guilvard a assisté à la fermeture d’un grand nombre d’usines et poteries. « Quand je suis arrivée il y avait 15 usines de céramique. Aujourd’hui, il y en a plus que cinq » se désole l’artisan. Pour essayer d’y remédier elle a participé à des réunions sur la relance de la céramique dans la commune mais aussi à des manifestations au musée Terra Rossa. Cependant, « ça n’a abouti à rien. ». Pour elle, il faudrait « montrer que
Salernes est une ville de potiers ». Dans cette optique, associée à d’autres potiers de la commune, elle entend recréer le festival « Grand feux ». C’est un événement autour de la poterie, qui attirait par le passé de nombreux touristes et curieux.
En attendant, la passion de la potière et son envie de défendre cet art ne sont pas près de s’arrêter.