Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« En français, j’ai redécouvert ma voix »
Voilà une artiste habituée à faire les choses à l’envers. À commencer par le choix de son pseudo. Ado, Marina Basset se rend compte qu’une fois retourné, son nom de famille, « pas très beau et quand même identique à une race de chien » peut donner Tessa B. Déjà mieux pour la gamine qui ouvrait grand les yeux devant les shows XXL de Britney Spears, Michael Jackson, Mariah Carey ou Christina Aguilera.
Dans sa carrière aussi, les choses sont arrivées dans le désordre. Portée sur le chant, mais aussi sur la danse et le théâtre, elle s’est vite retrouvée propulsée sur d’immenses scènes et des festivals de premier plan en compagnie de la formation électro-pop Synapson. D’autres expériences ont suivi pour elle, avec Jabberwocky et Arigato Masaï. Enrichissant et, surtout, propice à ouvrir l’appétit. Tessa B. avance désormais en solo, capable de trouver un subtil équilibre entre les productions trap qui inondent les ondes et une vraie singularité, affichée sur les sept titres de Dans ma tête, ainsi que dans le court-métrage accompagnant la sortie de ce premier EP, enregistré à Montréal avec son « binôme », le producteur Benny Adam.
Enjouée et vive, la chanteuse âgée de vingt-six ans nous raconte son cheminement et partage ses envies.
Comment vous êtes-vous retrouvée plongée dans le grand bain ?
Synapson, c’est arrivé un peu comme ça. Je ne m’attendais pas à faire autant de scène avec eux. On m’avait fait passer un casting pour remplacer leur chanteuse, Anna Kova. J’étais en école de théâtre à ce moment [elle est passée par le Cours Florent puis un autre cours d’art dramatique, ndlr]. Humainement et musicalement, le courant est passé très vite. Je me suis trouvée embarquée dans une tournée des Zéniths. Et dans la foulée, il y a eu la tournée avec Jabberwocky. Ça m’a formée scéniquement, c’était une expérience de dingue. J’ai adoré le côté performance vocale sur de l’électro, en anglais. Mais il me manquait un truc. Je ne comprenais pas tout ce que je chantais, parfois je ne ressentais rien.
Vous dites que la rencontre avec le producteur Benny Adam vous a libérée...
J’avais déjà eu une expérience douloureuse en chantant des titres en français. Il fallait que je trouve la bonne personne, et ça s’est fait par hasard. J’allais enregistrer un titre, on s’est croisés devant la porte et la première chose que Benny Adam me demande c’est : “Pourquoi tu chantes en anglais ?” Je ne savais pas quoi répondre. Je me suis toujours nourrie de chanteuses anglo-saxonnes, j’écoutais très peu de français.
Difficile de chanter dans votre langue ?
J’avais vraiment perdu confiance. J’appréhendais, mais Benny m’a dit de ne pas m’inquiéter. En chantant en français, j’ai redécouvert ma voix.
Dans ma tête
part dans plusieurs directions. C’est le reflet de vos envies ?
Je me dis que les gens ont besoin de t’identifier clairement. Sur ce premier EP, c’est compliqué. Parce que je me nourris de beaucoup de choses, je m’émerveille souvent. Je commence avec Jamais, très linéaire, faussement simple, avec une production trap. Et plus loin, on retrouve ans, qui sonne beaucoup plus « chanson française ». Il y a quand même une grande variation au niveau vocal, ça me plaît, ça me ressemble. Je n’ai jamais voulu me limiter à un style musical. Si on parle de pop urbaine, ça ne me dérange pas. La pop urbaine et la chanson française se confondent aujourd’hui.
Vous avez invité le rappeur Roméo Elvis sur
Ô mon amour... Il m’avait écrit un jour sur les réseaux sociaux pour me dire : “Ton show a l’air carré.” Au début, je croyais que c’était une blague, un faux compte. Mais c’était lui. J’écoute sa musique, ça me faisait plaisir qu’il me soutienne. J’y suis allée au culot, je lui ai demandé s’il cherchait quelqu’un pour faire la première partie de ses concerts. Ça s’est fait en quatre jours. Et là, j’imaginais parfaitement sa voix sur cette chanson. Je suis super honorée qu’il ait accepté de faire un featuring. C’est un bon gars, il est talentueux.
Comme sa soeur, Angèle, vous affichez un visage spontané et joueur sur les réseaux sociaux. Son parcours vous inspire ?
Oui, à fond ! Elle a des textes très forts, des mélodies qui le sont autant. En plus de ça, elle est trop mignonne et très drôle. C’est complètement ma came.
Plus jeune, vous étiez timide ?
J’étais introvertie. Ce qui m’aidait beaucoup, c’était de m’exprimer devant mon caméscope. Je faisais des sketchs, du play-back, des chansons. J’ai rapidement été attirée par le jeu. Ce qui m’animait, c’était de pouvoir m’exprimer sur scène. Aujourd’hui encore, je trouve que la scène, c’est la concrétisation de tout le travail fait en amont. Le public partage avec toi, c’est jouissif. Tout est là. Tu dois savoir faire rêver les gens. Pour moi, ça passe par la danse, le charisme, la performance vocale, le second degré.
Sur les réseaux sociaux, ce second degré vous accompagne souvent...
C’est pas mal de faire preuve d’humour, de spontanéité, de légèreté aussi. Avec le recul, je trouve que les popstars à la Britney Spears ont de l’humour. Je regarde souvent des interviews, les coulisses de leurs clips, etc. Mais l’image qu’elles ont développée ne le montrait pas du tout. Bien sûr, il faut garder un côté inaccessible pour faire rêver. Mais j’aime beaucoup le second degré. Je ne veux pas me prendre au sérieux.
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Il me manquait un truc”
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La scène, c’est jouissif. Tout est là”
Dans ma tête. Tessa B. titres. (Parlophone)