Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« Un coureur doute toujours »
Six participations au Tour au CV dont une très belle 13e place en 2011, Jérôme Coppel est aujourd’hui consultant pour RMC sur la Grande Boucle. Une épreuve qu’il connaît par coeur
Contraint d’arrêter le vélo à 30 ans pour une grave blessure au poignet, Jérôme Coppel a refermé la page Tour de France avec des beaux souvenirs notamment une 13e place en 2011. Devenu patron d’un centre d’entraînement en 2019, il est aussi consultant pour RMC sur la Grande Boucle.
Ce Tour ressemblera-t-il aux autres ?
On n’est jamais certain de notre condition physique quand on arrive sur un Tour, alors là, avec aussi peu de jours de courses, tout est remis à zéro.
En général, il faut semaines d’entraînement avant d’être au top et des jours de courses. Personne n’aura autant de repères au départ de Nice. Quand je faisais le Tour, j’arrivais avec à jours de courses dans les jambes, j’avais débuté en janvier avec la Marseillaise puis j’avais un programme classique avec une coupure en avril-mai pour refaire les fondamentaux lors d’un stage en altitude. Là, les coureurs vont avoir au maximum à jours de courses mais tout le monde sera au même niveau en revanche.
A quoi ça va se jouer au final ?
Plusieurs facteurs : l’expérience, le mental, la direction sportive, le potentiel de l’équipe et, évidemment, la qualité du coureur. Mais il faut savoir qu’un coureur est toujours dans le doute avant le Tour de France. L’importance de la routine, notamment dans la préparation, est fondamentale. Or, cette routine ne sera pas possible sur cette édition, tout le monde va se lancer dans l’inconnu. Et puis il ne faut pas négliger la période des transferts. D’habitude, en juin-juillet, il y a des négociations sur le Tour, notamment lors des journées de repos. Ça ne vous pollue pas mais c’est faux de dire que personne n’y pense. Là, en août-septembre, de nombreux coureurs ne sauront toujours pas s’ils vont être prolongés, si l’équipe ne va pas mettre la clé sous la porte, alors ça va discuter encore plus que d’habitude. Ça peut être très polluant sur une
En quoi le Tour est la course référence du calendrier ?
Avec le championnat du monde, c’est la seule course où tous ceux qui s’engagent dessus le font avec un objectif. On ne vient pas sur le Tour pour préparer autre chose. Tout le monde veut performer sur la Grande Boucle, c’est là que se joue votre saison, aussi bien individuellement que pour une équipe. La pression est énorme sur le Tour.
Un mot sur ce départ de Nice ?
Il me rappelle le départ de Monaco en , il faut être costaud d’entrée. On va être dans le vif du sujet dès la deuxième étape. Ce n’est pas une édition où la première semaine va se passer tranquillement avec des arrivées massives. Ça va faire mal tout de suite.
Le vainqueur peut-il être un inconnu ?
Non, je ne pense pas. Surtout quand on voit le plateau au départ. Tous les gros sont là, avec le nouveau calendrier, toutes les équipes ont aligné les meilleurs.
Un Français en jaune au bout ?
Pourquoi pas. J’espère qu’avec le recul, Thibaut Pinot s’est rendu compte qu’il avait la capacité de gagner le Tour. L’an dernier, il l’avait dans les jambes. Et puis le tracé est fait pour lui, même le dernier chrono, avec une bosse dans le final, est fait pour lui.
Est-ce facile de passer si rapidement de l’autre côté de la barrière ?
J’avais déjà réfléchi à ma reconversion quand j’étais encore coureur. Et mes douleurs au poignet ne me laissaient pas trop le choix. Alors j’ai profité de ma retraite pour passer mes diplômes et ouvrir mon centre d’entraînement rapidement. Puis en , RMC m’a proposé de devenir consultant et j’ai accepté. Je voulais voir à quoi ressemblait le Tour de l’autre côté. C’est moins dur, forcément, mais ça reste assez fatigant malgré tout (rires).