Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
FSU : « Nous sommes dans de l’affichage »
La décision de l’État reflète « une certaine forme d’hypocrisie », tacle Yvonne Guigonnet, membre du bureau départemental de la FSU du Var.
« On va simplement regarder que les élèves portent leur masque dans la classe, dans la cour de récré, et ce toute la journée. Mais quelle est la qualité de ce masque ? Est-ce qu’il est vraiment protecteur ? Vontils le changer dans la journée ? Finalement on se bouche les yeux et les oreilles, commente-t-elle. Distribuer les masques, c’était avoir résorbé les inégalités entre les familles, mais c’était, aussi, l’assurance que les élèves aient vraiment des masques qui filtreront. »
« L’État se donne bonne conscience »
Ce qui amène cette professeure de lettres modernes au lycée professionnel de
Rouvière à Toulon à la conclusion inéluctable : « À partir du moment où l’Éducation nationale ne les donne pas aux élèves, cela devient, pour moi, juste un affichage. L’État se donne bonne conscience. »
« On fait semblant de... »
Le risque ? « On demande beaucoup aux jeunes en leur disant que c’est important de porter un masque, et en même temps, on ne leur en fournit pas. Un jeune va en porter un qui va faire le mois, si ce n’est pas plus...» craint Yvonne Guigonnet. « C’est un coût certain pour l’État, mais à partir du moment où on rend quelque chose d’obligatoire et qu’on considère que de le porter permet d’éviter des frais d’hospitalisations et de réanimation, c’est un investissement. Ou on considère que c’est important et que cela permettra de sauver des vies et de faire des économies sur du long terme, ou on fait semblant de...Et malheureusement, j’ai l’impression qu’on fait semblant de...»
Pour cette enseignante, la distribution gratuite de masques ne relevait pas de la mission impossible pour l’Éducation nationale. Celle-ci a fourni trois masques en tissu par enseignant. Si la FSU a toujours été pour la gratuité, elle considère qu’un marché public pour la commande en millions de masques par l’État aurait permis « de revendre aux familles à des coûts défiants toute concurrence plutôt que de les laisser seuls face à des enseignes...»
« À raison de deux masques chirurgicaux par jour, cela représente, aujourd’hui, un coût exorbitant pour les parents d’élèves. »