Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Montenard le méconnu à Saint-Cyr

Le peintre, mort en 1926, est mis à l’honneur par le Centre d’art Sébastien jusqu’au 20 septembre. À ne pas manquer.

- TEXTE ET PHOTOS AMANDINE ROUSSEL

Cette exposition-là, vous ne la verrez pas ailleurs ! Elle est le fruit d’un travail exceptionn­el fourni par le Centre d’art Sébastien. Sa responsabl­e, Hélène Gimenes, a mené un long travail de recherche pour arriver à ce résultat. Les oeuvres de Frédéric Montenard que le visiteur peut admirer du côté de Saint-Cyr proviennen­t de collection­s privées. La plupart n’ont même jamais été montrées. D’ailleurs, le peintre lui-même bénéficie d’une faible notoriété. Ou, en tout cas, d’une mise en lumière inversemen­t proportion­nelle à son talent. «Onleconnaî­t mal car il n’appartient à aucun courant, justifie l’une des médiatrice­s culturelle­s de l’établissem­ent. Montenard est un peu hors catégorie, il est inclassabl­e. » L’artiste (1849-1926) est un élève de Puvis de Chavanne. Il a donc été formé dans la plus pure tradition classique. Plusieurs fois récompensé (médaille d’honneur, oeuvres achetées par l’État, médaille d’or à l’exposition universell­e), il est aussi l’un des fondateurs de la Société des Beaux-Arts.

Exposé dans de nombreux musées

On trouve aujourd’hui ses toiles dans de nombreux musées de France (Paris, Marseille, La Rochelle, Toulon…) mais aussi à l’étranger (Australie, Turquie...). Sans oublier quelques-uns de ses panneaux décoratifs qui habillent encore le foyer de l’opéra de Toulon, le restaurant Le Train bleu à Paris, la chapelle de l’Hostelleri­e de la Sainte-Baume… Montenard est un témoin de son temps. Il avait à coeur de montrer, de présenter fidèlement son environnem­ent, son époque. Il joue à l’historien avec des pinceaux. S’attachant beaucoup aux ambiances. « C’est un figuratif. Dans le plus pur sens du terme, assure encore la médiatrice culturelle. Il peint beaucoup de paysages, mais aussi le quotidien des gens, les métiers. Comme celui des magnanarel­les (notre photo ci-contre) par exemple. Il est extrêmemen­t précis dans les positions, les gestes...»

Petites gens et traditions

Dans ses toiles, il a tendance à mettre en valeur les petites gens et les traditions. Mais ce qui ressort véritablem­ent c’est la lumière. La lumière si particuliè­re du sud de la France. On y ressent toute la chaleur, la torpeur voire la moiteur ambiante.

« On a l’impression qu’il a mis une sorte de filtre rose sur ses oeuvres. Chez Montenard, les ombres ne sont plus noires ou grises. Elles prennent des teintes orangées ou violettes. C’est en Orient qu’il a découvert cette lumière puissante, brutale. » L’exposition au centre d’art commence d’ailleurs par la période orientalis­te de l’artiste. Avant de glisser sur les paysages provençaux poétiques où il révèle son côté impression­niste. La deuxième salle montre aussi sa carrière de peintre officiel de la Marine (il a été nommé en 1921). Il a notamment peint le port de Toulon sous toutes les coutures. Vers la fin de sa vie, il s’est également intéressé au sacré, produisant d’éblouissan­ts portraits de religieux tout en détail. Ce souci de la précision, le visiteur va parfaiteme­nt en prendre conscience à la vue des esquisses et autre études qui sont aussi montrées. Certaines d’entre elles sont même annotées de la main de l’artiste. « C’était quelqu’un d’extrêmemen­t structuré. En fait, il se lâchait dans l’utilisatio­n des couleurs. »

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Un peintre totalement inclassabl­e”

Centre d’art Sébastien. Jusqu’au 20 septembre, du mercredi au dimanche, de 10 h à 12 h et de 15 h à 19 h. 12, boulevard Jean-Jaurès, Saint-Cyr. Gratuit. Tél. 04.94.26.19.20.

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