Jérémie Renier fait double jeu

En marge de 5ème set, le sport tient également un rôle important dans Slalom. Ce n’est plus un secret depuis L’Amant double de François Ozon, Jérémie Renier aime les personnages aux deux visages, tantôt ange, tantôt démon, rattrapés par leur côté sombre. Le regard clair de l’acteur belge accentuant encore davantage le paradoxe. Cette année, les festivaliers ont pu s’en apercevoir à deux reprises. À commencer donc par le premier long-métrage de Charlène Favier, qui choisit de placer l’action de Slalom dans le milieu du ski. Jérémie Rénier y joue un professeur de ski qui va nouer une relation toxique avec son élève la plus prometteuse… âgée d’une quinzaine d’années. En dépit d’une réalisation assez sage, le film fuit le côté manichéen afin de laisser chaque spectateur face à sa propre conscience.

Révélé par les frères Dardenne puis consacré aux yeux du grand public en jouant Cloclo, le comédien impressionne par sa capacité à faire preuve d’autorité et à humilier pendant les scènes de coaching mais n’oublie pas de donner une petite dose d’humanité à ce personnage moralement condamnable. Face à lui, Noée Abita est également impeccable. La révélation d’Ava, vue également dans Le Grand Bain ne se pose pas en victime naïve, mais en jeune fille charismatique qui va se donner corps et âme à sa passion… ainsi qu’à son mentor, en essayant après coup de retrouver sa liberté. Troublant.

Alors qu’on pouvait s’attendre à un thriller politique haletant, L’Ennemi s’inscrit davantage dans le drame humain. Cette fois, Jérémie Renier campe un élu animé par des valeurs sociales, dont la vie bascule lorsqu’il est suspecté d’avoir assassiné sa femme. Est-il coupable ? Innocent ? Et si lui-même ne détenait pas la vérité ? Là encore, son jeu donne le ton et nous laisse seuls juges face aux faits. Derrière la caméra, Stephan Streker s’attache à brouiller les pistes avec une certaine maîtrise. Il soigne aussi les seconds rôles féminins confiés à Emmanuelle Bercot en avocate et Alma Jodorowsky, dans la peau de l’épouse retrouvée morte. Passionnant donc, en dépit d’un petit creux à mi-parcours, lorsque cet antihéros se retrouve incarcéré.