Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

La peur, ennemie du plaisir

- AX.T.

La vie sexuelle est souvent le reflet de l’état émotionnel. La joie, le bien-être, le lâcherpris­e ont un impact bénéfique sur la sexualité tandis que des sentiments négatifs à l’instar de l’angoisse ou de la peur auront un effet plutôt délétère. « Les émotions sont au coeur de notre vie et en particulie­r de notre vie sexuelle », résume le Dr Carol Burté, médecin sexologue azuréenne. Régulièrem­ent, et encore davantage en cette période très particuliè­re, hantée par la pandémie qui crée une atmosphère anxiogène, elle reçoit des patients, aussi bien des hommes que des femmes chez qui la peur en particulie­r vient obscurcir le plaisir charnel. « La peur est utile en ce sens qu’elle sert à nous avertir de la présence d’un danger potentiel. Pour autant, elle s’accommode mal des relations intimes. La sexualité n’est en effet possible qu’en l’absence de danger parce que la réponse sexuelle est liée à la détente. Toute situation d’hyper adrénergie, provoquée par une crainte, va inhiber l’excitation. » Logique, le cerveau est occupé à préparer l’organisme à se défendre ou à prendre la fuite. Il n’est absolument pas disposé à prendre du plaisir.

Rompre le cercle vicieux

La peur peut être épisodique mais elle peut aussi s’installer. Or dans les périodes d’angoisses qui durent, l’intimité peut en prendre un coup. La baisse du désir peut ainsi être un signal d’un malaise psychologi­que.

« On retrouve la peur dans des situations très variées, y compris par exemple, lors de l’entrée dans la vie sexuelle ou à l’inverse lorsque la vieillesse s’installe », souligne le médecin. Ces craintes sont tout à fait légitimes et pour les apaiser, le dialogue est essentiel : avec son partenaire, avec un sexologue. La peur peut créer des dysfonctio­ns sexuelles qui vont ellesmêmes susciter des émotions négatives… et de ce fait aggraver les choses. C’est un cercle vicieux dont on ne sort pas si facilement. Par exemple : un homme tellement angoissé par ses problèmes d’érection qu’ils empirent.

« Beaucoup de personnes hésitent à parler de sexualité avec leur médecin traitant, souvent par pudeur ou par crainte d’être jugées. Si elles n’arrivent pas à dépasser cela, elles peuvent s’adresser à des profession­nels spécialisé­s, conseille le Dr Burté. Il existe des solutions efficaces à de nombreux problèmes… à condition d’être correcteme­nt pris en charge. »

Et lorsque la peur est liée à la maladie, là encore il faut parler. Des structures telles que la Ligue contre le cancer proposent des consultati­ons avec un sexologue. Car ce n’est pas parce que l’on est sous traitement que le plaisir charnel doit être banni, bien au contraire !

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(Photo d’archive Unsplash) Les périodes de peur latente comme celle que nous vivons avec la Covid peuvent avoir un impact négatif sur la sexualité.

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