Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Pinot, maillot à poisse

Nouvelle désillusio­n pour le Franc-Comtois sur la Grande Boucle : la première étape pyrénéenne a déjà sonné le glas de ses espoirs de victoire, un an après son abandon déchirant

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Thibaut Pinot est maudit… Hier, le grimpeur français a encore été lâché par son corps et il a abandonné plus de 18 minutes sur les meilleurs et évoqué un « tournant dans (sa) carrière ». Ses ambitions -- « aller le plus haut possible » annonçait-il, «arriver en jaune à Paris », comprenait le public -- ont été réduites à néant dès le premier jour de haute montagne. Et bien avant le match de l’ascension finale. « J’ai tellement mal au dos que je n’ai pas de force, je n’arrive pas à pédaler » ,a lâché le Franc-Comtois, abattu, après avoir franchi la ligne accompagné de cinq équipiers. Dépité, le triple vainqueur d’étape sur le Tour a laissé planer un doute sur son avenir dans le cyclisme. « J’ai toujours dit que le vélo, c’était se battre, prendre du plaisir, gagner des courses et il y a trop d’échecs pour moi en ce moment » s’est livré « à chaud » le grimpeur qui avait déjà dû encaisser son abandon sur blessure il y a un an alors qu’une victoire finale, exploit qu’aucun Français n’a réussi depuis Bernard Hinault en 1985, paraissait réalisable.

« Galère » depuis le premier jour

Dans le port de Balès, à plus de 40 km de l’arrivée, le héros malheureux de juillet 2019 est resté collé au bitume et a vu son rêve jaune s’envoler en même temps que le groupe de favoris, emmené par les hommes de Jumbo. Ses étirements répétés, les mains sur les lombaires, ont fait apparaître au grand jour les séquelles de sa chute du premier jour, survenue sur la

Promenade des Anglais. « J’ai un hématome dans le dos parce qu’un concurrent m’est rentré dedans », avait détaillé, le lendemain, le vainqueur du Tourmalet l’an passé. « C’est plus ça qui m’inquiète ».

« Je me raccrochai­s à l’étape d’hier, à celle d’Orcières où il y avait des signes encouragea­nts. Sinon, c’était la galère depuis samedi (le premier jour du Tour, ndlr) » ,a confié finalement Pinot, défait hier.

La douleur « est venue progressiv­ement », a détaillé son équipier Rudy Molard, qui l’a escorté jusqu’au bout. « Malheureus­ement à force de tirer dessus, ça ne répondait plus », a-t-il expliqué. « Le transfert de force ne se faisait plus ».

« On a réussi à masquer les choses pendant plusieurs jours mais dans les moments de vérité comme aujourd’hui, ça ne suffit pas », a constaté le patron de l’équipe Groupama-FDJ, Marc Madiot.

« On savait que ça pouvait être handicapan­t parce qu’il a pris une bonne gamelle le premier jour, reconnaît Molard. Mais on gardait espoir. On se disait qu’au fur et à mesure des jours qui passaient, il allait se remettre ».

« Je ne vais pas quitter le Tour »

Mais, au matin de la première manche pyrénéenne, Thibaut Pinot n’affichait pas vraiment un visage conquérant, malgré le coup réussi la veille dans les bordures vers Lavaur : « L’important pour moi est de ne pas perdre de temps et pourquoi pas en gagner aujourd’hui. Si je retrouve de bonnes sensations, ce sera déjà très bien. » A l’évidence, les bonnes sensations étaient portées disparues dans le port de Balès. « Je ne vais pas quitter le Tour, en aucun cas je n’ai eu cette idée », a tenu à rassurer Pinot, hier soir. Au fond de lui, il espère reprendre des forces et empocher une victoire d’étape avant les Champs-Elysées.

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(Photos AFP et EPA) Touché au dos depuis sa chute à Nice lors de la re étape, le leader de FDJ-Groupama a lâché plus de  minutes hier.
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