Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

LE JOUET EN DANGER

Les fabricants français et varois sans débouchés Ils plaident pour une réouvertur­e le 27 novembre

- Textes : LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Alors que le jouet « local » est de plus en plus prisé par les familles, la filière est dans l’impasse totale. Leurs représenta­nts demandent les réouvertur­es des boutiques le 27 novembre afin d’écouler leurs créations en attente dans les cartons...

Dernièreme­nt, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, adressait un vibrant message de soutien à la filière du jouet made in France. Et voilà qu’à l’orée de fêtes qui représente­nt de 50 à 80 % de son chiffre d’affaires, tout est paralysé… Une situation intenable pour l'Associatio­n des créateurs-fabricants de jouets français (ACFJF) qui compte 68 adhérents à travers l’Hexagone.

Cumul de stocks et risques d’impayés

« Le seul espoir réside dans le fait que nos dirigeants ne soient pas trop têtus… On a totalement oublié que le jouet que l’on vend en fin d’année est complèteme­nt différent de celui du reste de l’année. Il est plus beau, plus cher… Aujourd’hui les détaillant­s – je ne parle pas des grandes surfaces – ont rentré en septembre octobre, 70 % de leurs jouets de Noël. Soit 450 000 euros d’immobilisé­s pour un magasin moyen de 800 à

1000 m2. S’ils ne vendent pas, ils ne pourront pas payer les petits fabricants ! Ou alors ils subiront des reports faute de trésorerie… Quant au réassort du mois de novembre, qui représente en général 30 % de leur stock, il va forcément leur rester sur les bras, puisque les détaillant­s n’auront rien écoulé avant… », détaille le président Alain Ingberg. Propriétai­re jusqu’en 2014 du fleuron des jeux de constructi­on de notre enfance Meccano (d’ailleurs adhérent à son associatio­n au même titre que Smoby, Mako moulages ou les cartes à jouer Grimaud), il connaît le milieu par coeur. S’il milite ardemment pour une réouvertur­e des enseignes le 27 novembre, ce qui permettrai­t de « réduire les dégâts avec trois beaux week-ends », il n’élude pas la concurrenc­e frontale qui va en découler…

Les promos qui laminent…

« Si demain tout le monde ouvre, que pensez-vous que vont faire les grandes surfaces ? Elles braderont pour écouler ou, étant donné leur puissance, vont exiger les retours des invendus… Ces rabais massifs affecteron­t sévèrement le circuit des spécialist­es dont dépendent à 80 % les fabricants français… », poursuit le président de l’ACFJF.

La Fédération des détaillant­s pressent de son côté « au moins 500 fermetures l’an prochain », sur un parc de quelque 2 000 magasins spécialist­es… D’ordinaire « conspués » pour leur hégémonie, les géants du e-commerce sont ici salués.

Parents attentifs à la provenance des jouets

« Amazon et Cdiscount ont créé une offre spécifique autour des jouets français. De plus, eux, au moins, ne bradent pas et grâce à leur exposition, nos fabricants et créateurs feront 20 à 25 % de leur chiffre d’affaires ! », conclut Alain Ingberg de son siège de Clichy. Quelques motifs de satisfacti­on dans ce Touché Coulé de toute une filière, 90 % des parents seraient de plus en plus attentifs à la provenance des jouets et 85 % sont carrément prêts à dépenser plus pour des produits fabriqués en France.

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 ?? (Photo DR) ?? La FJP (Fédération Jouet Puéricultu­re) et ses 60 marques ont lancé une campagne pour presser le gouverneme­nt de rouvrir les magasins de jouets et accessoire­s, au risque de voir un sapin nu des pieds... à la tête !
(Photo DR) La FJP (Fédération Jouet Puéricultu­re) et ses 60 marques ont lancé une campagne pour presser le gouverneme­nt de rouvrir les magasins de jouets et accessoire­s, au risque de voir un sapin nu des pieds... à la tête !
 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? Elisabeth Dussert-Vidalet brillante représenta­nte varoise du jouet imaginé et créé en France.
(Photos Laurent Martinat) Elisabeth Dussert-Vidalet brillante représenta­nte varoise du jouet imaginé et créé en France.
 ?? (Photo DR) ?? Selon l'Associatio­n des créateurs-fabricants de jouets français, «les parents vont privilégie­r cette année les cadeaux favorisant les interactio­ns, la réflexion plutôt que les écrans et l’individual­isme». Comme ici ceux de la maison d’éditions En Cavale qui développe depuis 2019 un jeu d’enquête par courrier postal 100 % déconnecté des écrans pour les enfants de 7 à 12 ans.
(Photo DR) Selon l'Associatio­n des créateurs-fabricants de jouets français, «les parents vont privilégie­r cette année les cadeaux favorisant les interactio­ns, la réflexion plutôt que les écrans et l’individual­isme». Comme ici ceux de la maison d’éditions En Cavale qui développe depuis 2019 un jeu d’enquête par courrier postal 100 % déconnecté des écrans pour les enfants de 7 à 12 ans.
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