Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Un délinquant usurpe le nom d’un salarié du nucléaire
Un quadragénaire a été condamné par le tribunal de Toulon pour différents délits. Lors de son interpellation, il avait présenté une carte d’identité falsifiée
«Enculé. » En lâchant ce mot dans les locaux du commissariat de Toulon, ce quadragénaire at-il commis un outrage ? « J’ai dit ça comme on le dirait à Marseille », se défend le prévenu à la barre virtuelle – il comparait par visioconférence – du tribunal correctionnel. « J’avais les menottes trop serrées, j’ai dit que la personne qui les a serrées devait être sadique et j’ai rajouté “Oh, enculé”… Je me suis excusé tout de suite .»
Né à Paris, domicilié chez son frère à Nice et travailleur occasionnel à Marseille, Nicolas G., 44 ans, a été interpellé à la fin du mois d’octobre aux abords de la résidence Pontcarral, l’un des supermarchés de la drogue de Toulon. « J’accompagnais un ami qui allait chercher sa consommation personnelle. »
« Une source de stress »
Les policiers avaient dû mettre en joue le conducteur de la Mercedes classe A pour qu’il stoppe son véhicule. « C’est faux, je n’aurais pas risqué ma vie pour une barrette de shit », conteste le prévenu. Nicolas G. a alors présenté une carte d’identité au nom de Fabien M.
Les fonctionnaires ont rapidement détecté qu’il s’agissait d’un document falsifié. « C’est faux, cette carte d’identité n’est pas à moi .» C’est pourtant bien son portrait qui figure sur le document falsifié, constate la présidente du tribunal. Dans la voiture, d’autres documents au nom de Fabien M. ont été découverts : un bulletin de salaire, une proposition de prêt bancaire, un avis de taxe d’habitation et la copie d’un permis de conduire.
Le véritable Fabien M. avait porté plainte en avril 2019 pour usurpation d’identité. « On ne sait pas ce qu’il a pu faire avec ces documents, c’est une source de stress », dénonce Me Christophe Lopez, l’avocat de Fabien M. « Il travaille dans une centrale nucléaire, chaque année son casier judiciaire et sa situation administrative sont contrôlés… »
Une enquête est toujours en cours pour tenter de déterminer ce à quoi ont bien pu servir les documents bancaires saisis. En attendant, Fabien M. a été condamné à 14 mois de prison ferme pour l’usage d’une fausse carte d’identité et conduite sans permis. Le tribunal a également considéré que le quadragénaire avait bien commis un outrage au commissariat. Le préjudice moral de la policière qui avait serré les menottes aux poignets de Fabien M. est estimé à 150 euros.
1. Les prénoms des protagonistes ont été modifiés.