Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Il était une foi dans l’Est
Chaque samedi, la rédac’ passe à la moulinette le meilleur du pire de l’actualité de la semaine
Chaque samedi, la rédac’ de Var-matin refait les sept derniers jours d’un oeil neuf et aiguisé. Avec l’actualité locale comme terrain de jeu, nos journalistes se livrent à un décryptage volontairement subjectif. Un “(dé)bloc-notes” pour que rien ne puisse vous échapper…
20un novembre : café, un verset et l’addition
Un Jesus Coffee animé à Fréjus, sur Facebook, par des pasteurs ? Une émission où l’on croque dans la Bible, où l’on boit les paroles de la foi, entre un café et deux viennoiseries ? L’idée ne saurait heurter que ceux qui méconnaissent les fondements de cette religion. Le christianisme ne néglige point les nourritures terrestres. Il est littéralement « incarné », inscrit dans une chair souvent bonne et jamais triste. La preuve : il n’y a aucun interdit alimentaire dans les Évangiles. Lorsque Jésus veut parler à ses disciples, il leur fait une Cène en partageant, symboliquement, les parties de son corps. Le pain et le vin sont nécessaires pour dire une messe. Souvenez-vous du dernier repas du Christ : « Il prit le pain et le rompit… »
Enfant de coeur bien plus que de choeur, j’ai longtemps cru que le Rompi était un fromage. Quelle déception lorsque j’ai appris que ce met mystérieux n’était qu’un verbe du troisième groupe !
Je connus une déconvenue similaire en découvrant que la couleur brale n’existait pas – bien qu’on me conseillât de me tenir droit pour ménager ma colonne verte et brale. Et je garde en mémoire le regard interloqué du prêtre à qui je demandais, tout sourire du haut de mes huit ans, ce que signifiait l’adjectif « fettome »
quand il évoquait un « Dieu fait homme » (1).
Bref, nous savons bien, nous autres latins issus d’une civilisation judéochrétienne, que la parole roule mieux au-dessus des tables. Que les confidences sont plus claires lorsqu’on les cueille un pichet à la main. Et que la vérité d’un être jaillit parfois entre la poire et le fromage, quand on attaque joyeusement la traversée du dessert.
Il n’y a jamais loin de l’agneau de Dieu au divin gigot. Le premier enlève le péché du monde, le second les crampes à l’estomac. On ne communie pas si mal au nom du verre, du Brie et du Saint-Émilion.
Aussi n’est-il pas absurde, pour des croyants, d’invoquer Jésus la bouche pleine. Aucun risque, tant qu’ils ont une serviette accrochée au col, que les chrétiens en aient marre du café ou que leur foi se tasse.
1. Que l’on pardonne ces quelques lignes à un journaliste qui crut naguère, au même âge tendre, en apprenant que « Dieu est descendu parmi nous », que Jésus avait été tué par un chat...