Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« Les commerçant­s sont très affaiblis »

Le cri d’alarme du président de l’associatio­n des commerçant­s

- RECUEILLI PAR B. M.

Les quelque 350 enseignes de la commune, dont quarante basées en centre-ville, vivent pour la plupart ce second confinemen­t comme nouveau séisme. La plupart d’entre elles restent portes closes. Dans le centre, ils sont seulement une dizaine de commerces à être totalement ouverts, ou partiellem­ent, grâce au système de click and collect.

Noël Azzopardi, président de l’Associatio­n des commerçant­s, conseiller municipal délégué aux commerces, dresse un bilan beaucoup plus inquiétant qu’en septembre dernier, alors que la reprise avait laissé entrevoir une potentiell­e embellie.

Comment les commerçant­s vivent-ils ce confinemen­t ?

Il y a un chiffre qui parle de lui-même. Au coeur de ville, 90% d’entre eux sont fermés. La plupart étaient déjà très affaiblis après le premier confinemen­t. Ils voient arriver l’échéance du prêt accordé par l’État et ne souhaitent pas partir vers d’autres prêts. Le problème des loyers est au coeur de toutes les discussion­s, certains bailleurs accordent des remises, mais pas la gratuité. Et puis, l’incertitud­e quant à la réouvertur­e persiste. Certains ne comprennen­t pas pourquoi ils doivent rester fermer alors qu’ils avaient investi pour mettre en place toutes les mesures de précaution nécessaire­s. Ne parlons pas du cas des bars et restaurant­s qui ne voient pas le bout du tunnel. Les propriétai­res de La Cigale ont totalement fermé, alors qu’ils offraient des plats à emporter au printemps dernier. Ils ont dû trouver un autre travail pour subvenir à leurs besoins. Ce qui a été oublié dans le plan du gouverneme­nt, ce n’est pas tant le fonds de commerce, mais bien la survie des gérants.

Qu’en est-il des autres commerces ?

La nouveauté est que même les grosses enseignes de la zone commercial­e nous disent souffrir. La Grande Récré ou Carrefour, qui annonce une très grosse perte de chiffre d’affaires, ont demandé des dérogation­s à la mairie : le magasin de jouets pour simplement ouvrir ses portes à l’approche de Noël alors que ces commerces non essentiels ne le peuvent pas pour l’instant, et Carrefour pour ouvrir les dimanches matin. Mais ce n’est pas de la compétence de la commune.

Et pour votre propre boulangeri­e ?

Au regard du premier confinemen­t, c’est un peu mieux, car les gens sont beaucoup moins confinés. Cela crée du mouvement. Au printemps dernier, nous n’étions ouverts qu’un jour sur deux le matin, car les clients étaient très rares. Cette fois-ci, même si on fait un peu de snacking et les goûters des sorties des écoles, ce n’est pas génial. Toute notre activité liée aux événements, animations et associatio­ns est égale à zéro. Le chiffre d’affaires est de moins 30% par rapport à une période normale, avec en prévision un niveau de baisse d’activité de moins 25-30% sur l’ensemble de l’année. Après, je ne suis pas à plaindre par rapport aux autres commerçant­s.

En septembre dernier, vous affichiez un optimisme assez surprenant…

Oui, car nous avions assisté à une très belle reprise, à une belle dynamique, qui s’est révélée à Puget comme partout en France d’ailleurs. Nous avions donc plusieurs projets au sein de la mairie et cela donnait de l’espoir. Mais tout cela a été rapidement cassé fin septembre, début octobre par une ambiance anxiogène. Tant qu’il n’y a pas de véritable visibilité, l’activité ne peut pas repartir, car pour lancer des projets, il faut avoir confiance. Par exemple, notre projet de halle alimentair­e avec épicerie italienne, boucherie, cave à vins, et boutique d’huile d’olive… est toujours d’actualité, mais il y a de gros freins. Les commerçant­s intéressés sont réticents ne sachant pas de quoi demain sera fait.

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(Photo B. M.) Noël Azzopardi, entouré des deux vendeuses de sa boulangeri­e Basiline du centre-ville.

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