Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

AC/DC rebranche le son

Endeuillé par les décès de Malcolm et George Young en 2017, le groupe australien semblait en pause prolongée. Et puis, voici Power Up, son premier album depuis 2014. Un retour au premier plan presque miraculeux !

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Ce n’est pas la malédictio­n des Ramones (quatre membres décédés entre 2001 et 2014) ou de Lynyrd Skynyrd (trois membres ainsi que l’assistant road manager du groupe périssent dans un accident d’avion et les survivants sont tous gravement blessés) mais AC/DC, qui vient de sortir Power Up est un groupe qui revient de très loin.

On ne présente plus le groupe britannico-australien qui, depuis 1973, a donné au monde des tubes planétaire­s comme Highway to Hell, Back in Black ou For Those About to Rock We Salute You mais pouvoir prendre son pied sur les riffs de guitare de l’iconique Angus Young (65 piges) accompagné­s des aigus de Brian Johnson est presque un don de Dieu.

Coups durs

En pause depuis 2014, le groupe mythique aurait pu ne jamais revenir sur le devant de la scène. Rembobinon­s un peu l’histoire. En 2016, Brian Johnson est contraint de stopper la tournée de Rock or Bust Tour pour menace de surdité et trouve un pigiste de luxe en la personne d’Axl Rose, l’ancienne gloire des Guns N’Roses. Une curiosité qui ne va pas durer mais qui aura le mérite d’exister. Un nouveau coup dur pour un groupe qui, dès 1980, avait pourtant trouvé la force de se relever de la disparitio­n tragique de son chanteur Bon Scott. Impossible d’oublier la mise en retrait de Malcolm Young – frère d’Angus et fondateur du groupe – depuis 2014 pour démence. Incapable de mémoriser, le guitariste avait laissé son neveu Stevie prendre la suite. Ce n’était pas une première puisque Stevie était déjà sorti du banc pour jouer les doublures de luxe en 1988 lors de la tournée Blow Up Your Video de l’album éponyme enregistré au coeur du studio Miraval dans le Var, quand son oncle menait un combat contre l’alcoolisme. En 2017, le destin a finalement violemment rattrapé la famille Young. En moins de deux mois, Malcolm et son frère George, le producteur historique et mentor du groupe, vont casser leur pipe.

À cette époque, la rumeur va enflammer les réseaux sociaux. Et si c’était la fin d’AC/DC ? Possible.

Mais AC/DC n’est pas un groupe comme les autres. Après tout, cinq mois après la disparitio­n de Bon Scott était sorti l’album Back in Black, le plus gros succès commercial du groupe (50 millions de ventes).

Un album fondateur, le premier du nouveau chanteur Brian Johnson et sa casquette de travailleu­r sur le crâne, en guise de surprise du chef. Rapidement adoubé par les fans, Johnson a très vite pris ses marques en toute humilité, laissant la fratrie Young gérer la direction artistique. Pas question de révolution­ner l’âme d’AC/DC.

« L’idée d’évolution ne nous a jamais concernés, confiait le défunt Malcolm Young au Monde en 2000 avant un concert à Amnéville. Si on changeait, notre public nous crucifiera­it ! Nous sommes les descendant­s du rock’n’roll de la fin des années 1950. Il y a chez nous un côté naturel, appelons-le feeling, qui nous relie au blues, notamment à Muddy Waters et sa chanson Mannish Boy, avec sa batterie lourde. Et à Howlin’ Wolf, chez qui le cri l’emporte sur la pensée. » Difficile de mieux résumer AC/DC dont Power Up reste dans la ligne directrice.

Rien de révolution­naire, rien de décevant, et des titres qui font mouche d’entrée (Realize, Trough The Mists Of Time, Shot In The Dark). Ce qui reste remarquabl­e dans la longévité du groupe - – 17 albums studios, plus de 200 millions de ventes – c’est finalement sa capacité à faire face aux coups du sort.

À l’image du batteur Phil Rudd, revenu en grâce en 1994 après avoir été renvoyé dix ans plus tôt, et qui dans la foulée de l’enregistre­ment de Rock or Bust en 2014, est arrêté par la police néo-zélandaise car soupçonné d’avoir engagé un tueur à gages pour tuer deux personnes et d’être en possession de drogue. Il sera assigné à domicile pendant 8 mois à la suite du procès.

Cadeau du ciel

Dans le même temps, le bassiste historique du groupe Cliff Williams annonce sa retraite. « Cela fait 40 ans que je connais ça (la vie au sein d’AC/DC, ndlr), mais après cette tournée (effectuée avec Axl Rose) j’arrête les tournées et les enregistre­ments. Perdre Malcolm, l’histoire avec Phil et maintenant Brian… ça change l’animal. Je sens au plus profond de moi que c’est le bon choix ».

Tout semblait basculer pour le groupe... avant que Power Up ne sorte de terre.

Sans prévenir.

Comme un cadeau du ciel. Un disque sur lequel Cliff Williams, Phil Rudd, Stevie Young, Angus Young et Brian Johnson se sont retrouvés.

Un miracle ? Un peu.

Il a sans doute fallu du temps au groupe pour faire son deuil avant de retourner en studio. « Avant de tomber malade, Malcolm avait laissé pas mal d’idées de côté au fil des ans et des albums. Et je n’avais pas spécialeme­nt remis la tête dedans, détaille Angus Young dans les colonnes de Paris Match. Mais nous étions d’accord sur le fait que cela ferait de bonnes chansons pour AC/DC. Nous avions tellement de titres pour chaque nouvel album que nous en laissions forcément certains de côté. Donc je savais qu’il y avait de la matière pour un bon nouveau disque. Fin 2018, notre management est revenu vers moi pour savoir si nous envisagion­s de nous retrouver. Ils m’ont appelé, puis ils ont contacté Brian, Cliff, Phil et Stevie, pour voir si tout le monde avait envie de revenir à bord. Et, oui, tout le monde a eu envie de se retrouver. Ce qui était plutôt une bonne nouvelle ». De quoi laisser Brian Johnson conclure d’un simple mais percutant « nous étions cinq chevaliers du rock, prêts à se battre avec notre mur du son ». CQFD.

200 millions d’albums vendus

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Nous étions cinq chevaliers du rock ”

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Power Up (Columbia)

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