Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Bricolités Une affaire de curiosité(s)

À Nice, il y a quatre ans, ils ont fait d’un rêve une boutique qui tourne et qui fait le bonheur des amoureux de voyages, de pièces de décoration et de moments de partage. Un salon de thé comme un cabinet de curiosités.

- GAELLE BELDA gbelda@nicematin.fr

C’est une belle histoire dans des tons surannés et au parfum de pétales de roses séchés. Une histoire d’amitié et une passion qu’ils ont su transcende­r un 8 décembre 2016, en levant le rideau de fer de Bricolités. Un antre créatif et fantaisist­e qui traverse les années en faisant la part belle aux rides. Celles des objets qu’ils rapportent de voyage, chinent ou récupèrent. Celles des accessoire­s décoratifs qu’ils fabriquent de toutes pièces. Et c’est autour d’une tasse de thé fumant – en porcelaine ancienne –, qu’ils reviennent volontiers sur la merveilleu­se épopée de leur « refuge pour citadin rêveur ».

Il y a Emmanuel Bouvier-Müller, directeur général du centre hospitalie­r de Nice dans une autre vie. Il y a aussi Jean-Michel Anjubault, qui travaille dans la promotion immobilièr­e... et qui se gardera bien de souffler qu’il est l’auteur de grandes toiles exposées à Bricolités. Ils ont fondé l’échoppe ensemble. Après en avoir cassé, gratté, enduit, frotté, poncé, peint les murs. Après s’être échinés sur le sol de l’ancienne boulangeri­e, abandonnée dans les années 80. Un an, des heures de boulot arrosées d’huile de coude, qui leur ont permis aussi de ficeler le projet. Sous l’oeil aiguisé de Florence, l’épouse de Jean-Michel et collègue de travail d’Emmanuel à l’époque où il oeuvrait au CHU. Passionnée de déco, de trouvaille­s et d’insolite, elle ne pouvait qu’encourager les deux amis à toucher les étoiles.

« J’ai eu une longue maladie et c’est ici que j’ai appris à revivre. Ce projet et ces lieux sont fabuleux. Ils partaient en voyage en Colombie, au Japon, à Istanbul, et j’étais avec eux en visio pour sélectionn­er des pièces ou juste pour voir... » Elle rit.

De la magie dans l’air

Bricolités, une potion magique ? Il y a de ça dans l’air... c’est vrai. Et les premiers clients avertis l’ont tout de suite senti. Emmanuel est ici à temps plein, il confie : « Au départ, on avait quelques curieux qui jetaient un oeil... et plus on a avancé et plus on s’est retrouvé avec une clientèle éclairée, qui sait ce qu’elle vient chercher. On a pas mal de profession­nels du monde de la décoration par exemple... » L’affaire est solide. Sans pour autant appuyer sur le portefeuil­le du client. Comme quoi... « On n’est pas là pour faire de l’argent. On fait en sorte que ça tourne, que ça dure. Mais c’est notre passion que l’on partage. On met beaucoup de nous dans ce lieu. Il y a notre amour des objets, des tissus, des tapis, de la vaisselle, des belles choses, des rencontres... et il y a les voyages, ce qu’on en rapporte et puis le regard des gens qui se posent sur tout ça et qui nous permet de poursuivre l’enchanteme­nt. » Les voyages... c’est clairement en stand-by. Mais les deux hommes sourient. Ils ont de la suite dans les idées et tellement d’adresses. « S’il n’y a plus l’avion, il y a la voiture. On peut partir d’Italie et rouler doucement vers le Kosovo, voir l’Orient, suivre des pistes... » Jean-Michel s’envole rien qu’en en parlant. Poète évadé d’un monde bétonné. Bricolé. Au sous-sol de l’écrin, place aux établis, aux vis, tournevis, marteaux et autres instrument­s de torture. Nourriture essentiell­e de l’âme créative d’Emmanuel. Et de ses mains hyperactiv­es. Il sourit. On le suit. « Ici, c’était le fournil, regardez, on a conservé le four. » L’histoire du lieu les porte depuis le commenceme­nt et il n’était pas question d’en gommer l’essence. La suite est hyperorgan­isée. En chirurgien de la retape, Emmanuel sait qu’il faut une place à chaque chose... et qu’il est important que chaque chose soit à sa place. Il en rougit presque : « C’est que c’est petit ici et on a beaucoup de choses alors il faut être carré. » Au même titre que Jean-Michel n’évoquera pas son histoire d’amour avec les pinceaux, l’ancien DG n’avouera pas non plus que la rigueur est juste une seconde nature. Qu’importe. La finalité c’est qu’entre les globes anciens à décaper, les suspension­s à électrifie­r et la menuiserie à ciseler, il n’y a pas de quoi s’ennuyer. Surtout, tous les défis sont pleinement embrassés.

Vivre de l’ancien dans un monde moderne

Il n’y a pas de peurs à Bricolités. « Que du plaisir », comme le glisse Florence. Dans l’atelier, elle a aussi son espace. Elle travaille sur des compositio­ns pleines de charme. Mets sous verre de petits détails. Invente, réinvente. Se régale. Des années que ça dure. Que le trio surfe, non pas sur un concept mais sur une passion commune. Une échoppe pas de bric et de broc. Pensée, réfléchie, aimée et tous les jours accompagné­e. Alors, évidemment, cet anniversai­re 2020 sera bien différent des précédents. Essentiell­e à leur vie et à celles de leurs fidèles clients et amis, la boutique fait quand même les frais de la Covid. Mais comme rien ne les arrête, ils ont créé leur site web et leur boutique en ligne. Chez Bricolités aussi on pratique le « Click and Collect » ! On peut vivre de l’ancien mais être parfaiteme­nt ancré dans son monde moderne ! De vieux tissus pour de jolis masques ? Ou juste quelques céramiques pour égayer une table... et donner du baume au coeur en ces temps moroses. Peut-être un bougeoir en bois sculpté pour raviver la flamme ?

Vendre du bonheur, c’est tout un art. Et c’est ici particuliè­rement maîtrisé. Alors longue vie aux faiseurs de rêves citadins et à leurs projets doux comme la soie ancienne.

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La Colombie, le Japon, Istanbul...”

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S’il n’y a plus d’avion ?

Il y aura la voiture...”

14 rue de Paris. Nice. Tél. : 06.28.79.26.92. bricolites@gmail.com et www.bricolites.com Sur Instagram également.

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