Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Grotte, sweet grotte...
Dans l’extraordinaire rocher de Cotignac encore plein de mystères, quelques irréductibles troglodytes cultivent un art de vivre sans doute millénaire.
Est-ce les forces telluriques ou la texture aérée de ces murs taillés dans d’énormes stalactites qui génèrent l’étonnante zénitude de ces maisons ? Ils sont une petite poignée à vivre encore dans les anciens abris troglodytes du rocher de Cotignac occupé depuis la Préhistoire. Quelques irréductibles comme le peintre Jean Arène qui y avait aménagé un douillet refuge et un rassérénant atelier. Ce grand artiste marseillais, très apprécié de Giono et amoureux de Cotignac, y est mort en mars dernier, à 90 ans.
Décoration inspirée
Françoise Burdézy-Leguè, sa compagne, l’avait rencontré en 2007, alors qu’elle cherchait une maison, et qu’il s’apprêtait à se séparer de ces biens atypiques, suspendus au-dessus du village varois. Double coup de foudre pour l’acquéreuse ! Françoise et Jean ne se sont plus quittés.
« On retrouve sa sérénité dans cet endroit », sourit l’hôtesse des lieux qui a transformé ces deux maisons dont l’une, sur quatre niveaux, se loue toute l’année. Elle a mis des années à vider, sabler, restaurer et aménager ces espaces avec passion et sensibilité. Des pièces lumineuses et pleines d’énergie qu’on ne soupçonne pas, depuis l’extérieur. Sa décoration – inspirée – mêle livres soigneusement choisis, objets d’arts indiens et de magnifiques toiles d’Arène, tout en jouant subtilement avec les cavités et la patine de la pierre. «Lerevêtement est à la chaux naturelle. Jean a fait l’enduit des sols il y a quelques années », explique Françoise. « Quand il a acheté en 1959, tout était en ruine. À cause du tremblement de terre en 1909. Tout était bâti auparavant. Les jardins actuels, c’était les caves des maisons. Je pense que depuis la Préhistoire, l’ensemble était habité. Au dessus, on voit encore les meurtrières. Puis au Moyen Âge, ils ont maçonné. Les habitations étaient en hauteur, desservies par une coursive et, en bas, ils mettaient les animaux. »
Peu de fouilles archéologiques ont été menées sur le site. « Dans de vieux livres, ceux de Gabriel Henri Blanc je crois, il est dit qu’à l’époque des invasions sarrasines, les gens allaient se réfugier dans une grotte où tout le village – animaux et matériel compris – pouvait tenir… Malheureusement, on n’a jamais vraiment fait de recherches. » Aucune humidité, pas la moindre fuite d’eau et une température constante de 10 à 12 degrés. On est loin des stéréotypes sur les grottes de Cro-Magnon, en pénétrant dans la fabuleuse salle de bains lovée sous une voûte de tuf. « Ce n’est pas le tuf de la Touraine où ils ont 75 % d’humidité, ici, pas du tout ! » La chambre à coucher où le lit s’ajuste à la matrice minérale, est une invitation à un voyage hors du temps. Un lieu magique.
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On retrouve sa sérénité dans cet endroit”