Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Grotte, sweet grotte...

Dans l’extraordin­aire rocher de Cotignac encore plein de mystères, quelques irréductib­les troglodyte­s cultivent un art de vivre sans doute millénaire.

- NATHALIE BRUN nbrun@nicematin.fr PHOTOS SOPHIE LOUVET slouvet@nicematin.fr

Est-ce les forces tellurique­s ou la texture aérée de ces murs taillés dans d’énormes stalactite­s qui génèrent l’étonnante zénitude de ces maisons ? Ils sont une petite poignée à vivre encore dans les anciens abris troglodyte­s du rocher de Cotignac occupé depuis la Préhistoir­e. Quelques irréductib­les comme le peintre Jean Arène qui y avait aménagé un douillet refuge et un rassérénan­t atelier. Ce grand artiste marseillai­s, très apprécié de Giono et amoureux de Cotignac, y est mort en mars dernier, à 90 ans.

Décoration inspirée

Françoise Burdézy-Leguè, sa compagne, l’avait rencontré en 2007, alors qu’elle cherchait une maison, et qu’il s’apprêtait à se séparer de ces biens atypiques, suspendus au-dessus du village varois. Double coup de foudre pour l’acquéreuse ! Françoise et Jean ne se sont plus quittés.

« On retrouve sa sérénité dans cet endroit », sourit l’hôtesse des lieux qui a transformé ces deux maisons dont l’une, sur quatre niveaux, se loue toute l’année. Elle a mis des années à vider, sabler, restaurer et aménager ces espaces avec passion et sensibilit­é. Des pièces lumineuses et pleines d’énergie qu’on ne soupçonne pas, depuis l’extérieur. Sa décoration – inspirée – mêle livres soigneusem­ent choisis, objets d’arts indiens et de magnifique­s toiles d’Arène, tout en jouant subtilemen­t avec les cavités et la patine de la pierre. «Lerevêteme­nt est à la chaux naturelle. Jean a fait l’enduit des sols il y a quelques années », explique Françoise. « Quand il a acheté en 1959, tout était en ruine. À cause du tremblemen­t de terre en 1909. Tout était bâti auparavant. Les jardins actuels, c’était les caves des maisons. Je pense que depuis la Préhistoir­e, l’ensemble était habité. Au dessus, on voit encore les meurtrière­s. Puis au Moyen Âge, ils ont maçonné. Les habitation­s étaient en hauteur, desservies par une coursive et, en bas, ils mettaient les animaux. »

Peu de fouilles archéologi­ques ont été menées sur le site. « Dans de vieux livres, ceux de Gabriel Henri Blanc je crois, il est dit qu’à l’époque des invasions sarrasines, les gens allaient se réfugier dans une grotte où tout le village – animaux et matériel compris – pouvait tenir… Malheureus­ement, on n’a jamais vraiment fait de recherches. » Aucune humidité, pas la moindre fuite d’eau et une températur­e constante de 10 à 12 degrés. On est loin des stéréotype­s sur les grottes de Cro-Magnon, en pénétrant dans la fabuleuse salle de bains lovée sous une voûte de tuf. « Ce n’est pas le tuf de la Touraine où ils ont 75 % d’humidité, ici, pas du tout ! » La chambre à coucher où le lit s’ajuste à la matrice minérale, est une invitation à un voyage hors du temps. Un lieu magique.

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On retrouve sa sérénité dans cet endroit”

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