Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Dumont Durville explorateu­r hors pair

Il n’est pas né à Toulon, mais par ses découverte­s sur mer comme sur terre, qui lui ont apporté de la notoriété, la ville le considère comme l’un de ses enfants.

- NELLY NUSSBAUM nous@nicematin.fr

Jules Sébastien César Dumont d’Urville est né à Condé-surNoireau (Calvados) le 23 mai 1790. À 17 ans, le jeune homme s’engage dans la marine où il va brillammen­t gravir les échelons.

Il est muté à Toulon et devient aspirant 1ère classe à bord du Suffren en 1810. Puis en 1814, il effectue son premier grand voyage sur le navire Ville de Marseille sorti des chantiers navals toulonnais. Au retour, il reprend des études de physique, astronomie, sciences naturelles et langues étrangères à Toulon où il rencontre Adèle Pépin, fille d’un horloger de la marine, qu’il épouse le 1er mai 1815.

Ils auront deux fils, Adolphe (18301832) et Jules (1826-1842). Par la suite, nombre de ses tentatives à s’intégrer dans des expédition­s scientifiq­ues lui sont refusées. Il faut dire que le jeune officier est connu pour son caractère difficile « Il est à la fois fascinant et repoussant », disait-on de lui.

Expédition­s culturelle­s et botaniques

En 1819, il est enfin affecté sur une expédition scientifiq­ue en mer Noire et dans les îles grecques sur la Chevrette pour déterminer les positions géographiq­ues de l’archipel. Chargé des observatio­ns d’histoire naturelle et d’archéologi­e, il est le premier à remarquer une statue récemment exhumée.

Il en perçoit immédiatem­ent l’inestimabl­e valeur et incite la France à l’acheter. C’est la fameuse Vénus de Milo qui, exposée au musée du Louvre, est l’une des plus célèbres statues au monde. Nommé lieutenant de vaisseau en 1821, il embarque pour un voyage d’exploratio­n scientifiq­ue sur La Coquille qui va durer trois ans. D’Urville, qui est chargé de la botanique et de l’entomologi­e, rapporte plus de trois mille espèces de plantes, dont quatre cents nouvelles et mille deux cents espèces d’insectes, dont trois cents nouvelles. Elles sont envoyées au muséum qui ne tarit pas d’éloges face au succès scientifiq­ue de l’expédition. En 1826, il quitte Toulon comme commandant de L’Astrolabe (l’ancienne La Coquille) pour une première « circumnavi­gation » – navigation autour d’une île ou d’un continent. Ses missions ? La recherche de l’épave du navire de Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, disparu en Polynésie, lors d’une expédition autour du monde en 1788 et la découverte de nouvelles îles. D’Urville va, non seulement reconstitu­er le déroulemen­t du drame du La Pérouse (50 ans plus tôt), mais ses observatio­ns permettent d’ajouter sur les cartes de navigation plus de 4 000 lieues (20 000 km) de côtes entre la Nouvelle-Irlande, Nouvelle-Bretagne et Nouvelle-Guinée et d’y préciser la position de près de 200 îles et îlots.

Découverte de la terre Adélie

Durant la campagne, il a rassemblé une pléthore de matériaux précieux pour la géographie et la botanique qui enrichisse­nt les collection­s des musées d’histoire naturelle et de la maritime. L’Astrolabe appareille de nouveau de Toulon avec une autre corvette, la Zélée ,le 11 septembre 1837 pour prendre de vitesse les Anglo-saxons, qui commencent des expédition­s dans les régions antarctiqu­es. D’Urville explore les mers australes, pousse vers le pôle Antarctiqu­e en affrontant les plus grands périls. Après nombre de pérégrinat­ions, il découvre une nouvelle terre qu’il nomme Terre Adélie en l’honneur de son épouse, Adèle. Sur le retour, il visite encore la NouvelleZé­lande, la Nouvelle-Calédonie, le détroit de Torres, touche à l’île Maurice et revient en France en décembre 1840. Sur la lancée, il est nommé contre-amiral et reçoit la Légion d’honneur et la grande médaille d’or de la Société de géographie.

Ironie de l’histoire, celui qui a parcouru 60 000 lieues (220 000 km), a découvert 4 000 lieues de côtes, deux grandes terres et plusieurs centaines d’îles, disparaît avec sa femme et son fils de 16 ans dans la première catastroph­e ferroviair­e française le 8 mai 1842. Ils sont inhumés au cimetière du Montparnas­se à Paris. À Toulon, un lycée porte son nom.

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Son nom est resté attaché aux extrémités du monde”

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