Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les pleurs de Marie-Madeleine coulent de source
D’hier à aujourd’hui, les sources de notre région ont enrichi nombre de légendes, en commençant par celle de la Sainte-Baume (Var), née des pleurs d’une sainte repentante.
Dans une région qui appelle à l’imaginaire, nombre de sources ont donné lieu à des croyances et des pèlerinages. Forêt mythique et millénaire, la Sainte-Baume est un des lieux religieux les plus anciens du monde occidental. Les Grecs, Ligures, Romains y voyaient déjà un lieu habité par la déesse de la fécondité. C’est donc dans cette région désertique que Marie-Madeleine, l’apôtre des apôtres, se serait retirée en l’an 47 de l’ère chrétienne.
En fait, MarieMadeleine et un groupe de chrétiens (dont son frère Lazare et sa soeur Marthe) sont arrivés en barque à Marseille après avoir été chassés de la Terre Sainte au milieu du Ier siècle. Sauvés des eaux par la volonté divine, ils se dispersent pour porter la parole du Christ. Pour sa part, Madeleine part prêcher entre Aix et Marseille où tous l’admirent pour son éloquence et sa beauté.
Jaillissement d’une source bienfaitrice
Après quelques années de prédication, Marie-Madeleine se retire dans une grotte où il n’y a ni eau, ni herbe, ni arbre et située sur le rocher de la Sainte Pénitence, à la SainteBaume. Pendant trente ans, elle va y mener une vie de contemplation, de pénitence, ne se nourrissant que de réflexions célestes. Bien que la source de la SainteBaume soit en partie alimentée par les gouttes d’eau qui tombent en permanence des voûtes, plusieurs légendes sont attachées à ses eaux.
La plus importante raconte que sa naissance est due aux sanglots de Marie-Madeleine qui, repentante de sa vie passée de pécheresse, ne cessait de pleurer.
De ses larmes naquirent l’Huveaune, l’Issole et le Caramy qui alimentent l’Argens.
Il s’est rapidement répandu aussi que cette eau était miraculeuse et que, probablement en mémoire des larmes abondantes que l’occupante versa en ces lieux, elle guérissait les maux liés aux yeux. Une autre tradition veut que cette source eût aussi le pouvoir d’accroître la chevelure en souvenir de la magnifique toison dorée dont s’enveloppait Marie-Madeleine pour cacher ses vêtements en lambeaux et, de façon plus discutable, pour rendre les jeunes filles désirables, comme l’avait été la sainte au temps de sa splendeur.
Punie par péché de vanité
Une troisième fable retranscrite d’après un vieux cantique provençal s’attache aux jolies mains – lei belli manetto – de la sainte. Recluse depuis plus de 25 ans et n’ayant pour boire que l’eau puisée dans le creux des rochers, elle eut le désir de se laver. Jésus lui accorda cette faveur et fit jaillir en contrebas de sa couche rocheuse une source limpide et rafraîchissante.
Tout heureuse, Madeleine put enfin laver ses mains rugueuses, crevassées par le froid, brûlées par le soleil, et prit quelque plaisir à retrouver ses doigts fins, propres et délicats d’antan.
« Mes pauvres mains autrefois si jolies, ne put-elle s’empêcher de dire, qui vous a vues et vous voit maintenant ! »
Ces paroles déplurent au Divin Maître qui lui reprocha de retomber dans le péché.
Il prolongea de sept ans sa réclusion ce qui permit à la source de grossir afin de donner naissance aux différents cours d’eau cités plus haut !
Nombreux sont les pèlerins qui se rendent encore en ce lieu